ABF Jiu Jitsu Brésilien - Le Mans
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Le jiu jitsu à Rio de 1997 à 2007...un peu d'histoire...

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Message  rody Mar 27 Avr - 12:49

"A ARTE SUAVE" est une serie de textes de Roberto Pedreira un américain qui est parti au Bresil pour s'entrainer suite a sa rencontre avec le jiu jitsu Brésilien . Il a visité la plupart des academies et a rencontré et s'est entrainé avec les plus grands noms du jiu jitsu.

Sommaire :
- ARRIVA RORION: Ou comment Rorion Gracie a revolutionné la facon de voir et de s'entrainer aux arts martiaux aux Etats Unis

- MASTER JIU JITSU: La théorie et la pratique du jiu jitsu selon Sergio "Malibu" Jardim

- GRACIE HUMAITA: Entrainement avec Robin, Rokler et Royler a Botafogo

- ALLIANCE: Entrainement avec Romero "Jacaré" , Rodrigo Comprido et Magrão Gurgel a Ipanema

- DOJO JIU JITSU: Entrainement avec Aloisio, Leka et Cafe a Copacabana / Conversation avec Ricco Rodriguez, Sergio Penha et Reyson Gracie

- CORPO QUATRO: Entrainement avec Sylvio Behring et Alvaro Barreto a Copacabana / La veritable histoire et la philosophie du jiu jitsu Bresilien

- MEDHI: Un irreverent, iconoclaste, révisionniste sur l'histoire des Gracie.

- ZOCA: La vie et le jiu jitsu dans les deux Bresil

(source : Fightsport)
rody
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Message  rody Mar 27 Avr - 12:51

1. ARRIVA RORION

Ou comment Rorion Gracie a revolutionné la vision des arts martiaux aux Etats Unis

Tout a commencé le jour ou un expert japonais Mitsuo Maeda de passage au Brésil, a enseigné les rudiments de la version japonaise du jiu-jitsu à un jeune brésilien de descendance écossaise appelé Carlos Gracie, qui l'a lui meme ensuite enseigné à son jeune frère Helio. Ensemble, ils l'ont enseigné à leurs légions de fils, de petits fils et de neveux, et plus tard à d'autres Brésiliens assez curieux pour vouloir apprendre et assez courageux pour essayer.

Le jiu-jitsu des Gracie est resté un secret brésilien jusqu'au début des années 90, pas par conception, mais parce que personne à l'extérieur du Brésil ne s'y était interressé. Bien qu'un membre de la famille, Carley Gracie, fils de Carlos Gracie et neveu d'Helio, enseignait le jiu-jitsu à une petite échelle aux Etats-Unis depuis 1972, pas un article sur le "Gracie Jiu-Jitsu" n'etait paru dans les magazines d'arts martiaux pendant les années 70 ou 80. Rien jusqu'au "boom" de 1993. D'ailleur le premier article sur le sujet n'est pas paru dans un magazine d'arts martiaux, mais dans play-boy, en 1989. Cet article etait consacré au cousin de Carley, Rorion le plus agé des fils d'Helio qui, comme Carley, enseignait le jiu-jitsu aux Etats-Unis (depuis 1979). Mais à la différence de Carley et des autres membres de le famille, Rorion avait un diplome universitaire (en droit), et était ambitieux. Il voulait faire de l'art familial un empire mondial. L'Amérique était évidemment l'endroit ou commencer.

Le problème était que le public américain naïf avait une certaine conception de ce qu'etait les arts martiaux et le Gracie jiu-jitsu etait loin de ressembler à ca. Ceci etait du en grande partie à la popularité phénoménale du film de Bruce Lee Enter the Dragon et toutes les imitations qu'il avait engendré, les gringos crédules en étaient venu a associer les arts martiaux à quelque chose qui ressemble plus a de l'acrobatie et à de la gymnastique plutot qu'a de la self defense et du combat (Le pire c'est que les films d'avant l'ère Bruce Lee montraient des scenes de combats bien plus réalistes. Regardez Shane ou From Russia with Love ensuite regardez n'importe quel film d'arts martiaux et dites moi quels films presentent des scenes de combats qui ressemblent le plus a des bagarres que vous avez vues ou auquelles vous avez participer)

Les Brésiliens ne faisaient pas non plus ce que les pratiquants d'arts martiaux etaient sensés faire dans l'imaginaire des gens. Ils ne grondaient pas, ne hurlaient pas, ne faisaient pas de grimaces. Ils ne cassaient pas des tuiles avec des coups de pieds sautés retournés, ne cassaient pas le goulot de bouteilles de whisky avec le tranchant de la main. Ils ne cassaient pas des briques ou des blocs de glace avec leurs tetes. Ils n'arrachaient pas les cornes des taureaux, ils n'assomaient pas des chevaux avec des coups de poings retournés, n'eteignaient pas des bougies grace a la puissance du ki etc... Ce que les Brésiliens savaient faire eux par contre c'etait soumettre rapidement les artistes martiaux qui executaient ces exploits impressionnants mais en fin de compte vides de sens.

Rorion avait un autre problème. Le Jiu-jitsu n'est pas un art qui se prette à des démonstrations soigneusement chorégraphiées (la méthode promotionnelle habituelle dans l'industrie des arts martiaux) Car les techniques ne semblent pas impressionnantes et souvant la plupart des gens ne comprennent pas ce qu'ils voient. Les techniques impressionnantes lors de démonstrations sont rarement les techniques qui sont efficaces en combat. Malheureusement ca, les potentiels futurs etudiants qui assistent a ce genre de demonstration ne le savent pas.

Mais Rorion avait un plan....

Lui et ses frères Rickson, Royce et Royler allaient lancer des defis a des combattants d'autres styles. Ces défis constitueraient un test et l'issue du combat prouverait la supériorité de l'un ou de l'autre. Des challengers insouciants se presenterent. Jason Delucia par exemple était si confiant sur sa victoire contre Royce qu'il avait parié 500 $ sur le résultat (Jason dit qu'il respecte Rorion car celui ci refusa l'argent). D'autres eurent une attitude plus prudente (Erik Paulson dit que les Gracie sont des types les plus agréables que vous n'ayez envie de rencontrer, quand ils debarquerent sur la scène avec leurs défis , il les trouva "assez intimidants").

Apres cette serie de défis, Rorion a l'aide de son camescope realisa une serie de cassettes vidéos instructionnelles de Gracie jiu-jitsu et en fit la promotion grace a 2 autres cassettes (Gracie in action 1 & 2) qui comprenaient des vidéos de défis effectués au Brésil et ceux de Los Angeles dont nous avons parlé precedement. Sur ces cassettes on entendent Rorion en voix off expliquer que " 95% des combats de rue se terminent au sol apres un corps a corps" pendant que les images confirment ses dires en montrent les representants du Gracie jiu jitsu venirent a bout d'experts en Kung Fu, d'instructeurs d'Hapkido etc...
Le message était clair et Rorion n'etait pas subtil a ce sujet: Achetez nos cassettes, venez apprendre le jiu jitsu, donnez-nous votre argent. Malgré cela la technique eut son succes. Mais pour Rorion ce n'etait pas assez. De plus il realisa qu'on attire pas beaucoup de monde si il faut les inviter un par un chez soi et les battre dans un défi. Cela peut meme provoqué le phénomene inverse, des challengers battus peuvent se vexer, et ne pas revenir, ce qui serait une catastrophe.

Rorion réfléchissait : "Comment faire connaitre le jiu jitsu a des milliers de personnes et surtout les impressionner ?".

Il réalisa alors que la solution etait quelques chose qu'il connaissait déja : un vale tudo ! Des combats inter styles tres populaires au Brésil depuis les années 50 et meme avant. Dont son oncle Carlson avait ete un grand champion. Rorion lui meme ainsi que la plupart de ses freres et cousins avaient aussi deja participés a ce genre d'evenements. Rorion allait simplement en organiser un aux etats unis. Il l'appela "Ultimate Fighting Championnship" Le premier evenement (qui sera suivit d'une longue serie) eu lieu en 1993 Royce le petit frere de Rorion allait représenter le Gracie jiu jitsu dans ce tournoi face a des combattants venu d'univers aussi differants que le karate, le kung-fu, le judo, la boxe, la savate ou la lutte.

L'idée d'un tournoi style contre style, avec élimination direct a été en grande partie de ce qui fait le succès de la competition. (Il pourrait bien avoir été inspiré par le succès du film avec Jean Claude Van Damme "Bloodsport", en 1987 qui raconte l'histoire de la soit disant histoire vraie d'un tournoi d'arts martiaux qui s'est tenu à Hong Kong.) De plus si chaque combat est un competition individuelle entre les athlètes, c'est en meme temps une competiton entre les "styles" qu'ils représentent.

Si Royce gagne le tournoi, les perspectives de merchandising serait illimitées. (Rorion fait donc en sorte d'enregistrer le nom de "Gracie Jiu-Jitsu» et le logo Gracie, destiné à être utilisé exclusivement par lui-même ou sous licence.) De plus le Gracie Jiu-Jitsu va pouvoir faire quelques chose qu'aucun autre art martial n'a jamais pu faire: non seulement donner la preuve qu'il est efficace mais aussi qu'il est plus efficace que les autres styles. (Rorion laisse bien sur sagement les téléspectateurs en venir à cette conclusion manifestement fallacieuse de leur propre chef. Lui se contentant simplement de dire qu'il est bon pour tout pratiquant d'art martial de completer sa propre pratique par la pratique du Gracie jiu-jitsu)

Les Brésiliens savent que tout peut arriver pendant un combat et que la seule façon de ne jamais perdre c'est de ne pas combattre....Rorion savait que des membres de sa famille et d'autres pratiquants de jiu jitsu, etant des etres humains, avait déja perdus des combats. Mais il avait également compris la psychologie de l'américain fan d'arts martiaux, qui reve de déambuler dans les rues de n'importe quelle ville des États-Unis ne craignant personne. Après tout, que vaut un art martial si il ne vous rend pas invulnérable? Rorion proclama alors que «le clan Gracie pouvait se targuer de 70 ans d'invincibilité en combats". Alors que dans la cassette "Gracie in action" il avait inclus des images de la defaite de son père Helio contre Masahiko Kimura. Mais personne ne remarqua la contradiction...

C'est ainsi que Rorion Gracie changea la face des arts martiaux aux Etats-Unis, et c'est aussi ainsi que, beaucoup de Brésiliens qui se demandaient probablement ce qu'ils allaient bien pouvoir faire pour gagner leur vie, gagnent maintenant tres bien leur vie dans leur propres académie de jiu jitsu aux "Estados Unidos". Même si, comme l'un d'eux m'a dit, Rorion "ne veut aucun d'entre nous ici."

Un sage à bien des égards, Gene Lebell, a déclaré: "it doesn't matter what you call it, as long as you can do it". Mais Rorion n'est pas d'accord. Le nom a énormément d'importance, en particulier si vous voulez gagner de l'argent avec. Il ya toute la différence du monde entre le jiu-jitsu et Gracie Jiu-Jitsu
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Message  rody Mar 27 Avr - 12:52

2. MASTER JIU JITSU
19.06.08 - 22h08 par Fightway

La théorie et la pratique du jiu jitsu selon Sergio "Malibu" Jardim



Rio de Janeiro est divisé en 3 sections: La Zona Norte (zone nord) Centro (le centre) et Zona Sul (zone sud). Copacabana, Ipanema, Leblon et Barra da Tijuca sont situés dans la zone sud. les Cariocas (habitants de Rio) qui peuvent se permettre de vivre où ils veulent, vivent ici.

Il ne serait pas vraiment exact de dire qu'il y a une académie de jiu jitsu à chaque pâté de maisons dans la Zona Sul, parce que certains blocs comptent plus d'une académie....

La première que je remarque, à Ipanema, est "Master Jiu-Jitsu". Le panneau rouge sur la facade indique que Fabio Gurgel et Romero Cavalcanti enseignent ici. Je connais Fabio Gurgel pour ces combats contre Jerry Bohlander et Mark Kerr. Par contre je n'ai jamais entendu parler de Romero Cavalcanti.

J'entre, la séance d'entraînement commençe tout juste. Un grand gars au comptoir d'accueil, avec son bras dans une écharpe (il a attendu trop longtemps pour taper, explique-t-il), m'invite à regarder l'entrainement.

Il y a environ vingt gars sur le tapis, ou "tatame", comme les Brésiliens l'appellent. La plupart d'entre eux sont ceintures bleues. Il y a quelques blanches, un peu plus de violettes et une ou deux ceintures marrons. Il n'y a qu'une ceinture noire. C'est le professeur, Sergio Malibu.

Tout le monde l'appelle Malibu, mais son vrai nom est Sergio Jardim. Ce surnom vient du fait qu'un jour en rendant visite à un de ses nombreux amis Brésiliens vivant en Californie, il alla a Malibu Beach, il trouva ce nom cool, et décida de l'adopter. Au brésil la plupart des gens portent un surnom. Il n'est pas rare que des gens se connaissent depuis des années sans connaitre le veritable nom de l'autre.

Je me presente à lui. Je pensais qu'il suffirait de dire que j'étais intéressé par le jiu-jitsu, ce qui explique ma présence ici, et que j'étais un américain (ce qui explique mon mauvais portugais) je reussi tout de meme a lui dire en portugais: eu sou Americano e gostaria conhecer o Jiu-jitsu.

Malibu se montre assez sympathique (comme la plupart des Brésiliens) mais il veut avant tout savoir deux choses. Tout d'abord, ai-je deja pratiqué le jiu jitsu, et d'autre part, ai-je l'intention de m'entrainer maintenant? Je lui explique que je me suis entrainé 2 ou 3 mois à Los Angeles. Je ne connais que les positions de base (la monte, la garde et la croix ) et une poignée de simples soumissions. Je connais le système de graduation des ceintures (blanche, bleue, violette, marron, noire), et j'ai saisi en quoi le jiu jitsu diffère des autres arts martiaux, tels que le Karaté, le Muay thaï, le Kali, et l'Hapkido. Cela semble lui suffir, Malibu m'invite alors a prendre part a l'entrainement. Mais je lui dis que je préfère dans un premier temps observer un cours pour voir la façon dont ils s'entrainent au Brésil.

Il s'avère qu'ils s'entrainent plus ou moins de la meme façon dont on s'entraine à Los Angeles. Exepté que le cours est un peu plus "Brésilien" c'est a dire plus souple, plus détendu, mais aussi plus intense. Les cours durent soit une heure soit une heure et demie.(avec un échauffement plus long pour le cours d'une heure et demi) mais sinon la structure du cours est la même. Le debut du cours peut differer d'apres les élèves en présence. Si la majorité des élèves sont de jeunes ceintures blanches et bleues, le professeur prodiguera lui meme l'echauffement (qui peut être intense). Si les gars sont plus âgés et plus expérimentés, en particulier des ceintures marrons et au-dessus, ils s'échauffent chacun de leur coté à leur propre rythme. À un certain moment, le professeur demande l'attention de tous et explique une technique. En règle générale, ils voient trois ou quatre techniques par cours, habituellement ayant une connexion entre elles, mais parfois pas. En fonction de la composition de la classe, ils travaillent soit les techniques de base soit des techniques avancées, parfois un mélange des deux. Ce jour là Il n'y avait pas beaucoup de débutants dans au cours de Malibu. Les techniques qu'ils ont travaillées me passaient par au dessus la tête.

L'echauffement et les positions (le nom qu'il donnent a la partie "instruction" du cours) durent environ entre 30 et 45 minutes ce qui laisse donc les 30 a 45 minutes restantes pour la partie combats (cette partie du cours est parfois appelée "training") Ces combats sont pour la plupart du temps chronometrés (6 minutes) mais pas toujours. Dès qu'un combat est terminé ils en enchainent un autre en changent de partenaire et ainsi de suite. a noter que chacun est libre de se reposer tout moment et pour aussi longtemps qu'il le veut, mais peu le font.

Malibu m'explique : "c'est en combattant qu'on devient meilleur" Autant pour apprendre un nouvelle technique vous avez besoin d'un partenaire complaisant , autant pour apprendre à la placer vous avez besoin d'un partenaire qui résiste. Vous ne pouvez pas dire que vous maitrisez correctement une technique tant que vous n'etes pas parvenu a la placer a un adversaire qui resiste.

Je lui demande alors comment s'appelle en portugais le mouvement qu'il a enseigné à ses élèves dans ce cours ? Il n'a pas de nom, me repond il. C'est juste une des innombrables variantes de "raspagems" (sweeps, renversement). En portugais, "raspagem" signifie raser ou gratter. Dans la pratique, un raspagem est un mouvement dans lequel vous commencez en dessous avec les jambes autour de la taille de votre partenaire (garde) pour vous retrouvez ensuite au dessus a cheval sur lui (monte). Cette position de depart (la garde) n'est pas une mauvaise position, parce que même si vous êtes en dessous, vous pouvez tres bien défendre et même attaquer de manière efficace, principalement parce que vous pouvez vous servir de vos jambes pour transferer le poids de votre adversaire. Si toutefois vous aviez commencé en mauvaise position, par exemple en dessous, mais sans jambes autour de votre adversaire, et que vous finissez en meilleur position, se ne sera pas un raspagem mais une saida (une sortie). Il m'explique que renverser ou sortir ne se fait pas grace a un mouvement mais grace a une suite de differants mouvements qui sont tous aussi importants les uns que les autres dans reussite de la technique.

Le lendemain, je me presente donc a l'academie pour m'entrainer. Apres qu'Eduardo Luna l'assistant de Malibu ai prodigué l'echauffement, Malibu arrive dans son Gi (kimono) recouvert de patches colorés et de logos. Comme la plupart des autres professeurs de jiu jitsu, Malibu n'a pas de plan de cours en tant que tel, il décide des techniques qu'ils va expliquer en début de cours en fonction des élèves présent et des besoins de ceux ci. Aujourd'hui Malibu décide de travailler des mouvements de base dans la mesure ou il n'y a que trois autres éléves au cours en plus de moi et nous sommes tous ceintures blanches (il y a aussi Raphaël, un garcon de 14 ans ceinture verte). Tout d'abord, il nous montre comment se défendre contre un coup de pied et ensuite la façon de donner un coup de pied dans le style jiu jitsu (l'objectif de ce coup de pied n'est pas de blesser l'adversaire mais plutôt de créer une ouverture pour arriver au clinch.) Ensuite Malibu nous enseigne 2 techniques a partir de la garde, d'abord un renversement en utilisant un pied comme un "crochet", suivi d'une technique de "chave de braço" (clef de bras).

Nous passons ensuite à la partie combat, Malibu m'appelle pour tourner avec lui. Un moment donné il du tenter 2 fois une clef de bras pour me finaliser. je n'en n'etais pas peu fier, sachant qu'en plus d'un avantage de poids de 13 kilos et ses 20 ans d'expérience, Malibu est un brillant competitieur. Il a entre autres obtenu la médaille d'or en 1996 aux Pan-Americans et fut champion du Championnat Carioca 1996 et 1997. J'ai eu par la suite encore plusieurs autres occasions de tourner avec Malibu, bien sur a chaque combat toutes mes tentatives d'attaque sur lui furent vaines, mais bon je ne m'attendait pas non plus a faire taper une ceinture noire quand j'ai deja du mal a le faire avec des ceintures blanches plus jeunes et plus legeres que moi....

Pourquoi Rapahël est il ceinture verte, est ce plus haut ou plus bas que la ceinture bleue ? Malibu m'explique : le systeme de graduation des ceintures est differant pour les enfants, la ceinture verte est le plus haut grade qu'un enfant puisse avoir. Si il estime en avoir les capacités un enfant peut venir s'entrainer avec les adultes, il y a beaucoup de cours ou il y a une grande mixité d'ages et de grades (a ce propos j'ai participé à plusieurs cours, ou il y avait des enfants de10 ans qui s'entrainaient aux côtés d'adultes qui avaient remportés des médailles d'or au Mundial en marron ou noire! Ce n'était pas typique, mais ce n'est pas rare non plus. Le fait est qu'il n'y a pas de ségrégation dans une academie de jiu-jitsu. Le jiu-jitsu est très démocratique, comme me l'expliquera Mario Sperry, trois ans plus tard) Lorsque l'enfant acquiert une certaine taille, de la force et de la maturité, en d'autres termes, lorsqu'il apparaît qu'il est capable de rivaliser avec des adultes il est promu ceinture bleue. Parfois un enfant a toutes les qualitées requises pour s'entrainer avec une ceinture bleue, exepté quelques kilos, ce qui fait que parfois il sera debordé par une ceinture blanche adulte beaucoup plus lourd que lui. Mais c'est comme ca, personne ne lui fera de cadeaux et il le sait. Le jiu-jitsu a été conçu pour permettre aux petits gars avec plus de technique de battre des plus grands gars avec moins de technique. Donc pas d'excuses. Bien sûr dans ce cas le grand gars connait également le jiu-jitsu. Si votre adversaire sait ce que vous allez faire, il est forcement plus difficile de le surprendre.

Un jour, un jeune enfant, de peut-être 16 ans pesant 55 kilos ceinture bleue tournait avec une ceinture blanche adulte qui devait faire au moins 20 kilos de plus que lui. L'enfant fit une erreur et est etranglé avec un mata leão (etranglement arriere). Personne ne le consola en lui disant, "Oui mais bon, ton adversaire est plus lourd que toi et il en connait certainement autant que toi sur le jiu jitsu". Non au lieu de cela, les autres l'ont raillés, et Malibu lui a même dit, "Comment as tu laissé une telle chose se produire?" Ce sont pourtant des choses qui arrivent que des ceintures bleues "tapent" coccasionellement contre une ceinture blanche plus grande et plus forte (habituellement des ceintures blanches qui sont sur le point de passer bleue). Bien sur pour le serieux du systeme de graduation des ceintures cela ne doit se produire qu'occasionellement . La peur de "taper" contre une ceinture blanche est une chose qui touche surtout les nouvelles ceintures bleues les quelques semaines qui suivent leur promotion car c'est le moment ou c'est le plus susceptible de se produire. (le fait d'etre particulièrement réticents au fait de "taper" aux cours des premieres semaines qui suivent l'aquisition de leur ceinture, est probablement ce qui explique la "jinx" (poisse) des ceintures bleues qui se traduit par un pourcentage supérieur à la normale des taux de blessures). D'un autre coté cette peur provoque aussi chez eux une forte motivation pour progresser.

En jiu jitsu la couleur de la ceinture a une vraie signification, en regle general une ceinture violette est sensée en savoir plus qu'une ceinture bleue. Bien sur il y a toutefois parfois des exeptions, par exemple une personne qui apprends un rythme extrêmement rapide, une personne qui est bleue depuis 10 ans ou une personne qui a une grande experience passée en judo etc...Un jour, j'observais le cours de l'après-midi, donné par Fernando Magrão (le jeune frere Fabio Gurgel.) Un jeune gars ceinture bleue tournait avec une ceinture marron. La ceinture bleue étrangle la ceinture marron, non pas une fois, pas deux fois, mais trois fois. La ceinture marron l'a regardé surpris la première fois, étourdis la deuxième fois, et dévasté la troisième fois. C'était un de ces événements anormaux. Moins de deux ans plus tard, cette ceinture bleue portait une ceinture noire (Tatame magazine décrit sa nouvelle ceinture "cai bem" bien ajustée), et au Mundial 1999, il a battu deux des meilleurs competiteurs (Mario Sperry et Roberto Magalhães ) Pour gagner la médaille d'or en absolute. Son nom: Rodrigo "Comprido" Medeiros.

Malibu aime parler de jiu jitsu d'ailleur il a beaucoup de choses a raconter sur ce sujet. C'est logique, cela fait plus de vingt ans qu'il pratique et il a pratiqué avec les légendes du jiu-jitsu. Malibu a commencé le jiu jitsu avec Rolls Gracie, le fils de Carlos, le neveu de Helio, cousin de Royce, Rorion, et Rickson. Lorsque Rolls est décédé en 1982, dans un accident de delta-plane, Malibu s'est alors entrainé avec Rickson (considéré comme le plus fort de la famille Gracie) jusqu'à ce que Rickson ne déménage aux États-Unis en 1989. Malibu ensuite c'est entrainé avec l'un des meilleurs élève de Rolls ( l'un des cinq à avoir recu sa ceintures noires des mains de Rolls.) Jacare. J'ai eu quelques moments de confusion jusqu'à ce que je réalise que Jacare était en fait le surnom de Romero Cavalcanti fondateur et co-propriétaire de l'académie Master Jiu-jitsu.

Pendant sa jeunesse Malibu c'est aussi entrainé avec la plupart des jeunes Gracie: Royce, Royler, Renzo, Ralph, et leurs cousins les Machado. Les Gracie sont nés avec un kimono explique Malibu et c'est a peine exagéré car il existe un film en 8mm ou l'ont voit Rorion et ses frères faire des projections sur un tatami a un age ou ils devaient a peine avoir fini de mettre des couches.

Malibu, a l'époque n'as tu jamais imaginé que le jiu-jitsu deviendrait ce qu'il est devenu aujourd'hui? "Jamais", dit il "Il était notre vie. Nous ne vivions que pour le jiu-jitsu. Il etait notre travail, notre famille. L'académie etait notre maison ". le Jiu jitsu etait pour nous ce que l'eau est pour le poisson.
En ce moment les lutteurs américains semble être dans tout les esprits. Ce sont les gars à battre, ils l'ont dit. Si ils sont assez bons, ils peuvent nous poser des problèmes, explique Malibu. Une ceinture blanche qui écoute dit, "Mark Kerr a le bras plus gros que ma jambe". Il s'agit là d'une plus ou moins exacte déscription des bras de Kerr. Kerr a récemment battu l'ami de Malibu, Fabio Gurgel. "J'étais là", dit il. «Je n'ai pas aimé voir Fabio perdre". Les juges ont donné la décision a Kerr. Mais Kerr n'a pas fait taper Fabio. "Comment un gars qui fait 30 kilos de plus que vous peut se dire meilleur si il n'est pas capable de vous finaliser ? Ok Fabio n'a pas gagné", Malibu l'admet, mais comment pouvez-vous dire que Kerr a gagné? (en fait, Fabio a admis que Kerr "a gagné le combat" ). Le problème c'etait les regles. Les lutteurs n'essayent meme pas de passer la garde. Dans ce cas, d'autant plus qu'ils ne portent pas de kimono, il n'y a pas beaucoup d'attaque, que vous pouviez faire.
C'est vrai, les lutteurs ne pratique pas de la meme facon. Les lutteurs ne combattent pas en kimono. En Vale tudo le contexte est à leur avantage. Le jiu-jitsu a été conçu pour l'auto-défense contre de plus grands, de plus forts adversaires, mais pour battre un lutteur olympique de 30 kilos de plus que soit avec avantage "surnaturel" de force (comme quelqu'un l'ajouté), qui ne fournit meme pas de vêtements utilisables comme levier, c'etait peut-être trop demander.

Pour voir du véritable jiu-jitsu (par opposition au vale tudo et a la self défense), m'explique Malibu tu dois aller voir un tournoi de un jiu-jitsu. Justement, une competition allait avoir lieu. Une competition entre élèves des differantes academies Alliance allait se tenir ce week-end pour sélectionner ceux qui allait representer l'équipe Alliance. Master Jiu-jitsu faisait partie des academies Alliance, le réseau d'écoles administré par Jacare. Fabio Gurgel viendrait de São Paulo, où il avait créé une nouvelle academie. Fabio ne combatterait pas mais viendrait avec son meilleur élève Leozinho tout récemment promu ceinture noire. A voir Leozinho on aurait pu croire qu'il serait plus à l'aise devant un ordinateur que sur un tatami. Mais quand il affronta Ratinho qui bien que plus petit, ressemblait lui à un combattant, avec un corps musclé et tracé . Je me rendis compte qu'il ne faut pas juger un livre à sa couverture. Leozinho rentra dans Ratinho comme un couteau chaud dans du beurre.
Le jeune ceinture bleue de tout a l'heure était là aussi...

Le tournoi avait lieu à l'Université Gama Filho, Je m'y rends avec Malibu dans sa vieille VW coccinelle, nous accompagnent Jorge Guimaeres (une ceinture noire et producteur de l'émission de télévision Passando a Guarda), et plusieurs autres combattants d'Alliance, dont Leo Branco et Robert Traven. Malibu m'explique les règles, qui sont simples en théorie, mais qui laisse aussi beaucoup de place à l'appreciation de l'arbitre, ce qui donne parfois lieu a des controverses. Les combats commencent debout (comme en judo et en lutte). Deux points sont accordés pour une projection ou un take-down (queda). Une fois au sol, deux points sont accordés si on controle l'adversaire avec le genou sur le plexus (joelho na barriga) ou si il renverse (raspagem et inversão da Guarda), trois points pour passer sa garde (passagem da Guarda), et quatre points pour la monte ou prise du dos (montada et Costa). Des points sont également accordés lorsque l'on est tout proche de reussir quelque chose (vantagem), ces points sont nécessaires quand le combat est tres serré. Les points de pénalité (punicão) sont déduites pour violations des règles, le plus commun est le "décrochage".

En ceinture noire les combats durent 10 minutes. En ceinture marron 8 minutes, et en violette, le bleue et le blanche ils durent respectivement 7, 6 et 5 minutes. Le combattant qui contabilise le plus de points à la fin du combat, gagne, à moins bien sur qu'un des combattants n'aie forcer l'autre a abandonner suite a une soumission. Cela ne se produit pas souvent. Peut etre parce que les combattants manquent de technique.(C'est ce que pense Rickson.) Peut-être parce que en jiu-jitsu les techniques défensives sont très efficaces. Ou peut-être parce les combattants qui s'affrontent sont d'un niveau tres proche. Quelle que soit la raison, les gars qui soumettent regulierement leurs adversaires sont très admirés ont les appelles des "finalizadors".

Il n'y avait pas beaucoup de "finalizadors" dans cette compétition. La plupart du temps pendant les combats, on aurait dit qu'il ne se passait rien, mais les spectateurs etaient attentifs. Il ne fait aucun doute, qu'ils connaisaient les différentes positions et l'importance des mouvements subtils. Les combats avec le moins d'action apparente suscitaient le plus d'enthousiasme. Le fait que rien ne se passe, mais qu'on sente que quelque chose allait se produire, mettait le public en trance . Le combat le plus palpitant fut un combat entre deux ceintures noires. Le combat commenca, comme la plupart des combats, un des combattant sauta et placa ses jambes autour de l'autre la taille de l'autre. Beaucoup de combattants aiment cette position, car elle leur donne la possibilité de marquer deux points grace a un renversement et aussi de tenter des etranglements ou des clefs, alors que pour le combattant du dessus la seule facon de marquer des points est de passer le garde. Pendant 9 minutes et demi, les combattants resterent dans cette position, celui au dessus essayant de passer la garde,et celui d'en dessous essayant de renverser l'autre, mais aucun ne parvint a ses fins. A quelques secondes de la fin il se passa quelques chose, je vis le combattant qui etait en dessous tourner la tete et parler a ses entraineurs. C'est ce moment qu'il choisit pour renverser son adversaire et ainsi gagner deux points, le match, et le titre....
Ce que j'ai trouvé d' atypique dans ce combat c'est le fait que la victoire ne se decide qu'a quelques secondes de la fin sur un mouvement et ce de facon tres subtil. Tres technique me dirent les bresiliens...

Sur la route qui nous ramenait Eduardo, Malibu et moi meme vers Ipanema, je demande a Malibu qui est au volant : " Elles signifient quoi ces lumieres rouges ?" pointant du doigt les feux de signalisations. "Elle signifient la meme chose qu'au Etats-unis" me repond il ettonné par ma question. "c'est étrange, aux Etats-unis elles signifient qu'il faut s'arreter" lui dis je. "C'est ce qu'elles signifient aussi au Brésil" me repondit il....Apparement mon sens de l'humour etait trop tordu. Parce que depuis que nous roulions Malibu avait bruler un a un tout les feux rouges qu'il y avait sur notre route..... En fait, je n'étais pas sûr que j'allais survivre a ce voyage. Eduardo lui n'était pas inquiet. Il semblait habitué.

De retour à l'academie le lendemain, je regardais un grand mec ceinture bleue, un champion d'état, tourner avec une ceinture blanche qui semblait en connaître assez pour offrir une bonne résistance, mais pas suffisamment pour être en mesure de menacer l'autre. À un moment donné la ceinture blanche attrape la tete de la ceinture bleue la tire pour tenter un headlock et se place dans une position qu'on appelle en japonais "Kesa gatame". C'est une position très rare au Brésil me dit Malibu. A bon Pourquoi ? (cela ressemblait à une position que j'avais vue cent ou mille fois dans des bagarres de cours d'école et dans les bagarres de rue aux USA. Un des gars enroule son bras autour de la tete de son adversaire) quand on est au sol il semble que c'est une bonne technique, du moins pour immobiliser un adversaire.

Non me reponds Malibu, trop facile de sortir ou de renversé. Pourtant cela ne parraissait pas trop facile pour la ceinture bleue, qui se debattait pour tenter de sortir de la position. Finalement il reussi a renverser son adversaire en utilisant "o grossuro" (ce que les Brésiliens appelle de la force sans technique). En realité il aurait pu renversé son adversaire facilement et techniquement si il avait l'habitude de travailler a partir de ce cas de figure. Mais comme cette situation est soit disant facile, il ne prend pas la peine de la travailler et a tout le mal du monde a en sortir lorsqu'elle se presente.

Cela m'evoque un paradoxe. Si vous savez défendre et surtout contrer une attaque, l'adversaire ne la tentera pas, la probabilité de succès étant trop faible, le coût trop élevé en conséquence. A partir du moment ou il n'attaque pas, vous ne defendez plus. Mais si vous ne defendez plus il devient alors attrayant pour lui d'attaquer. Si bien savoir defendre empeche les attaques d'aboutir. La clef est donc la défense. Mais d'un autre coté le fait d'attaquer sans cesse son adversaire l'oblige à se focaliser sur sa défence, ce qui donc l'empeche de faire autre chose, y compris attaquer lui meme. Donc, l'attaque est une forme de défense.

Comme la plupart des arts martiaux, le jiu-jitsu a commencé comme une forme d'auto-défense. Le jiu jitsu dans sa forme sportive comme nous pouvons le voir en competition est quelques chose de tres recent. Quand un art martial existe sous deux formes, l'original auto-défense et une forme sportive avec des règles et des points pour determiner le «gagnants», l'efficacité de l'auto-défense peut être sacrifié à l'efficacité à marquer des points dans les regles definies de la competition. A mon avis les Brésiliens ne travaillent pas cette position "kesa gatame" et ses sorties, non pas parce ce qu'elle n'est pas efficasse (car elle l'est). Ils n'utilisent pas cette position parce qu'elle n'offre pas de points en competition. En jiu jitsu vous ne marquer pas de points en immobilisant votre adversaire (contrairement au judo et a la lutte). De plus, vous ne pouvez pas vraiment attaquer votre adversaire a partir de cette position (la seule attaque serait une clef d'epaule appliqués avec les jambes). Pour cette raison, personne n'utilise cette position et donc ne travaille ses sorties.

Meme si vivre et s'entrainer à Rio est tres bon marché, vous ne pouvez plus rester si vous n'avez plus d'argent, et sans visa et autorisation, vous ne pouvez pas y travailler et donc gagner de l'argent (bien que, comme beaucoup de gens disent la bas, il ya beaucoup de choses en Brésil qu'on ne peut pas faire et que pourtant tout le monde fait). Malibu m'a encouragé a continuer de m'entrainer. "Tu es à mi-chemin de la faixa azul" (ceinture bleue). Mais voila je pars pour au Japon. Je serai à jamais une ceinture blanche. Sauf si un miracle se produit. Ou que je reviens au Brésil........
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Message  rody Mar 27 Avr - 12:53

3. GRACIE HUMAITA
19.06.08 - 22h10 par Fightway

Entrainement avec Robin, Rokler et Royler à Botafogo.



Mon premier arrêt au Brésil fut São Paulo. Il ne me fallu pas longtemps pour comprendre que l'endroit ou je devais aller etait Rio.... São Paulo est une autre grande ville semblable à celles où je venais de passer les douze dernières années, Séoul, Tokyo, Bangkok. Bien sur São Paulo c'est le Brésil, mais pour moi, ca ne ressemblais pas au Brésil. Du moins pas le Brésil, comme je me l'imaginais. Donc direction Rio de Janeiro. Rien de plus simple, il suffit de prendre un bus au terminal de Tiéte et six heures plus tard vous êtes à Rio. Là vous montez dans un bus local et 30 minutes de plus et vous promener le long de la plage de Copacabana au milieu des "garotas" (filles) en bikinis.

J'arrive à Rio au cours de l'après-midi, je prends la chambre la moins chere dans l'hôtel le moins cher que je trouve. C'est au 8eme étage de l'Hôtel San Marco à Ipanema. Les ascenseurs ne vont que jusqu'au 7ème et ne m'inspire pas trop confiance. Il n'y a pas d'alarme incendie ni escaliers de secours et l'escalier est dangereux, même lorsque le bâtiment n'est pas en flammes.

L'un des élèves de Royler à São Paulo m'avait donné le numéro de téléphone de Royler. J'appelle l'Académie. Quelqu'un me reponds, et là je me rends compte que le portugais brésilien que j'avais appris ne va pas être suffisant. Les Cariocas (habitants de Rio) parlent un genre unique de portugais. Royler vient au téléphone. Il parle bien l'anglais et m'invite à venir au cours ce soir.

Bien que pas tres loin, l'académie n'etait pas facile à trouver. Pourtant j'avais l'adresse: Rua Humaita, 52, à Botafogo (de l'autre coté du Lagoa Rodrigo de Freitas si comme moi vous arriver d'Ipanema) Je m'attendais a un batiment avec une grande enseigne avec le logo Gracie. Etant donné que cette academie etait celle ouverte par Helio en 1968, lorsque celle qu'il tenait avec son frère Carlos et ses cousins Carlson et Robson ferma..Quand j'arrive a l'adresse, celle du "Colegio Padre Antonio Vieira" - une école primaire catholique privée. Le gardien me dirige vers l'arrière et en haut de l'escalier. Jusqu'ici je ne voit rien qui ressemble a une academie. je m'avance, enfin une porte, et les mots "Academia de jiu-jitsu". J'étais arrivé.

Je pousse la porte, l'academie est petite en fait, il y a une piece qui fait office de bureau avec un ordinateur, un court couloir menant a deux salles dont le sol est recouvert de tatamis et un très étroit vestiaire avec des kimonos empilés un peu partout. Aux murs a coté de centaines de photos de visages tres celebres maintenant, la liste des prix. Pour un mois d'entrainement en groupe sans limitation, 110 reais brésiliens. Pour 200 reais, vous pouvez prendre une demi-heure de cours privé avec O Dottore Helio Gracie lui-même.

110 reais peut sembler bon marché, en fait ca l'est pour 10% de la population Brésilienne, mais pour les 90 % restants c'est deja trop chere.La plupart des mecs dans une academie de Jiu jitsu savent parler Anglais, etant donné que si eux meme ou leurs parents savent mettre 110 reais par mois pour des cours de jiu jitsu, c'est qu'ils ont assez d'argent pour leur avoir payé une bonne scolarité. Ce qui n'est pas bon marché ( au Bresil l'ecole primaire est gratuite mais le niveau n'est pas bon, disent les gens). Beaucoup d'entre eux ont déjà voyagé, et peut-être vécu et étudié aux États-Unis.

La plus petite des 2 salles d'entrainement est celle utilisée pour les cours "iniciantes" (débutants). Royler me propose de me joindre a eux. Le cours est donné par son frère Robin, le plus jeune des sept fils d' Helio qui est seulement ceinture marron. Ceci prouve que les enfants Gracie, bien que né en kimonos, comme me l'avait dit Sergio Malibu, ne sont pas nés avec des ceintures noires. Ils doivent la mériter comme n'importe quel autre étudiant. J'ai vu Robin travailler pour obtenir la sienne en combattant contre des gars plus lourds et plus forts, qui parfois le dominait et personne a l'academie ne voyait rien d'étrange a ce qu'un instructeur, un Gracie de surcroit, se fasse dominé. Car c'est comme cela qu'apprends. il en donne l'exemple au élèves.

Lors de ce cours, Robin nous montra plus de techniques que la plupart des autres instructeurs, cinq techniques plutôt que les habituelles trois ou quatre. Tout d'abord, il nous montra le classic "ude garami" une clef d'épaule et de coude (que les Brésiliens appellent une Kimura en l'honneur du champion japonais qui a battu Helio avec cette clef en1951) une guillotine a partir de la garde. Après cela, il nous enseigna l'une des sortie de base sur kesa gatame et enfin, deux renversement a partir de la garde ouverte. Le premier était un renversement en X, qui aurait été inventé par Craig Kukuk quand il s'entrainait à Gracie Humaita. Il est largement enseigné, mais je ne l'ai vu qu'une seule fois etre utilisé sur une période de quatre années d'observation. Le second renversement, a du ravir les étudiants friands de mouvements techniques. C'est le renversement qui est enseigné par Mario Sperry sur sa série de vidéos "state-of-the-art" techniques ceinture noire.

Dans tout les cours de jiu-jitsu, après la partie "position", on débute la partie combats. Parfois, il existe des formes intermédiaires d'entrainements, en général pour les ceintures blanches. les combats commencent avec les deux gars face a face a genoux (éventuellement avec un genou posé au sol). Lorsque l'instructeur dit «vai» (allez) ils commencent a combattre en cherchant la soumission jusqu'à ce qu'ils entendent "tempo" (temps), cela peut varier entre 2 à 10 minutes. Vous ne pouvez pas savoir à l'avance combien de temps le combat va durer, mais généralement il correspondant a la durée d'un combat dans votre catégorie de ceinture qui est de: 5 minutes pour les ceintures blanches, 6 minutes pour les ceintures bleues, 7 minutes pour les ceintures violettes, 8 minutes pour les ceintures marrons, et 10 minutes pour les ceintures noires. Une fois que le combat commence l'un ou l'autre est libre de faire ce qu'il veut. C'est juste de l'entrainement ce n'est pas le Mundial.

Malgré cela de nombreux types combattent à l'entrainement comme si ils étaient au Mundial. A cause de ca ils evitent de se retrouver dans de mauvaises positions d'où il est difficile de sortir. Par conséquent, ils ne travaillent pas assez leurs sorties. Alors que les sorties sont une compétence essentielle. Donc, de temps en temps, l'instructeur les places délibérément dans une mauvaise position. Les gars qui ont un ego surdimentionné, quand il n'arrive pas a sortir d'une position, te disent alors que dans un véritable match, ils ne se seraient jamais retrouvés dans cette mauvaise position de départ....

La forme la plus courante de combat a partir d'une position de départ définie est celle à partir de la garde. L'un prend l'autre dans sa garde et ils combattent jusqu'à ce qu'on dise "tempo", ou jusqu'à ce que soit l'un passe la garde ou que l'autre ne renverse ou soumette l'autre. Même les étudiants "avancés" travaillent de cette maniere de temps en temps. Toutefois, ca a tendance à être moins utile pour eux etant donné qu'ils ont déja de bonnes compétences en matiere de sorties. Ils peuvent travailler a partir de la garde comme ils le veulent, en sachant que meme si la garde est passé ils peuvent (probablement) la retrouver (il est plus facile de la récupérer si votre adversaire tente de vous soumettre plutot que si il essaye simplement de vous immobiliser. Mais immobiliser est plus une technique de lutteur, les mecs du jiu-jitsu n'aiment pas les immobilisations ils trouvent cela inutile et ennuyeux).

Ma toute première experience en jiu-jitsu eu lieu a l'académie de Rickson (le grand frere de Royler) à Los Angeles. Lorsque la partie combats commenca , personne ne me demanda si je voulais ou non participer etant donné que c'etait mon premier jour, les mecs se presenterent un par un devant moi en disant "go". Malgré le fait que je n'avais aucune experience en grappling, j'ai tout de meme survécu, j'ai fait taper trois de mes quatre adversaires en utilisant les techniques que je venais d'apprendre. Cela m'a a la fois impressionné et surpris.
J'ai pratiqué le karaté pendant environ cinq ans, juste de l'entrainement ( pas de competition) de la boxe Anglaise et du Muay thaï pendant environ trois ou quatre ans (sans parler de plusieurs années de Kali et d'Hapkido) sans avoir la moindre idée de si oui ou non les techniques que je connaissait fonctionnaient réelement. Il faut avouer que cela m'aurait fait mal de me rendre compte que non. En Gracie jiu-jitsu les choses etaient completement differantes. Je venais d'appliquer avec succès les trois techniques que je venais d'apprendre 30 minutes auparavant. je compris dès lors que le fait de combattre est un élement crucial dans l'apprentissage du jiu jitsu. Depuis ce jour je ne rate pas une occasion de tourner avec un partenaire, et meme si comme tout le monde je n'aime pas frocement me faire soumettre, me faire soumettre de temps en temps (ou souvant, selon les cas) fait partie du jeu.

Un jour Robin m'appella ainsi qu'un autre débutant, pour nous enseigner ou plutot évaluer si nous avions saisit, les fondamentaux (mouvements de base). Il nous montra la "uupah" (sortie de monte), le plus simple (mais aussi la plus risqué) façon de passer le garde, l' étranglement "gyaku jime" , le scissora (renversement en ciseau) , le renversement avec balayage du tibia, juji gatame et enfin ude-garami. (qu'ils appellent Kimura) Après chaque démonstration, il me demanda d'executer les techniques sur lui, plutôt que sur l'autre débutant là (apparemment, afin qu'il puisse sentir ce que je faisais, plutôt que de voir ce que je faisais). Il semblait satisfait, car apres chaque mouvment il levait le pouce en signe de satisfaction.

Robin ne souriait pas. Royler sourit beaucoup. De même Rickson et Royce. Robin pas. Peut etre est ce du au fait qu'il a commencé le jiu-jitsu assez tard, qu'il est de petite taille et leger (environ 63 kilos.), qu'il est dominé par un grand nombre de gars plus fort. Ou c'est peut-être juste sa personnalité. Rolker le frère aîné de Robin ne pas sourit beaucoup non plus, du moins il ne l'a pas fait pendant la semaine que j'ai passé à leur école de Botafogo.
L'une des choses qui m'a le plus frappé à Gracie Humaita c'est les publicités et les patches en grand nombres sur les kimons des gars. Dans un dojo de judo, on est habitué à voir des kimonos d'un blanc immaculé. Les Japonais n'aiment pas se faire remarquer et attirer l'attention sur eux-mêmes. Cela fait partie de leur culture. Au départ quand les Américains ont appris le judo, ils ont adoptés la culture du dojo, qui est un microcosme de la culture du Japon. Ce n'est que récemment qu'ils ont commencé a mettre leurs logos sur leurs kimons a des endroits où ils peuvent être vus. Aujourd'hui en judo on utilise des gis bleus en compétitions, mais c'est une question de réglementation. Un des combattant porte un blanc et l'autre un bleu ceci afin que les juges et les spectateurs aient une meilleur visibilté de l'action.

Les Brésiliens portent egalement des kimonos bleus, mais pas pour la même raison. C'est simplement parce qu'ils aiment les kimonos bleus .Parfois, dans une competition de jiu jitsu les deux combattants portent un kimono bleu, ce qui rend l'action encore moins visible qu'avec deux gis blancs (car une ceinture foncée sur un kimono foncé ne contraste pas).

Il existe beaucoup de fabricants de kimonos au Brésil. Krugans et Machado sont les plus connus et les plus utilisés. (mais il y a aussi Torah, Senki, Berzek, Hunter, Koral, Shizen, Torvik, et Atama, on retrouve leurs pubs dans les magazines consacrés au jiu-jitsu, comme Tatame, Gracie Magazine, et Arena). Dans ces pubs chaque marque est approuvée par l'un ou l'autre grand combattant qui pose avec le kimono. Au bresil certains combattants sont sponsorisés. En plus du patch de leur academie, les kimonos des grands champions sont couvert de patches de marques de sandales, de jus de fruits, de lunettes de soleil, de supplements alimentaires etc... Avoir un "patronicador" (sponsor), signifie que vous êtes bon, du moins assez bon pour qu'une marque veuille associer son nom au votre dans l'esprit du public. Par conséquent, le fait de pouvoir arboré le logo d'un sponsor est une forme de récompense. Pour ce qui est du sponsoring des marques de kimonos, parfois, le kimono en lui-même est la seule rémuneration proposée. Certaines marques de kimonos apposent d'ailleur sur leurs kimonos un patch avec le logo de leur marque a la facon d'un sponsor.

Si le fait d'etre sponsorisé est effectivement une indication de votre bon niveau, il n'a pas la meme sigification que celle de la ceinture. la ceinture est une indication de votre niveau technique dans la vie de tout les jours à l'academie. Alors que le patch de votre sponors indique juste une chose: que vous etes bon dans votre categorie de poids et de ceinture. Si ce n'etait pas le cas la marque ne vous sponsoriserait pas...

Pendant ma semaine passée a Gracie Humaita je n'ai pas eu beaucoup l'occasion de discuter avec les frères Gracie. Robin ne parlait pas anglais, Rolker semblait inaccessible je n'ai rien eu à lui demander ou à lui dire de toute façon. Royler lui semble avoir un sens aiguisé pour les relations publiques. Ca lui vient peut etre de son frere Rorion. Royler était toujours prêt à discuter ou à être interrogé quand il était libre, mais malheureusement il n'etait pas souvant libre. A chaque fois que je l'ai vu a l'académie, il etait en sueur sur le tatame a tourner et tourner encore. Peut-être est ce grace a ca que depuis la creation du mundial Royler a remporté chaque année la medaille d'or dans sa categorie.

Je voulais un "lembrança", (un souvenir). Je pensais que chaque academie avait une abondance de t-shirts avec leur logo pour que les étudiants qui les achetes puissent ensuite les porter sur les plages, faisant ainsi de la publicité à l'academie en ayant payer pour ce privilège. Quelle brillant concept. Serait-il trop cynique de penser que Rorion en est a l'origine?. Malheureusement tous les t-shirts correspndant a ma taille avaient été vendus. Impossible de trouver dans toute l'academie un t-shirt a ma taille qui n'avait pas encore ete porté. Il s'avera que ce fut le cas dans chaque académie ou je me rendi par la suite. L'explosion du jiu jitsu avait été si rapide et si forte que les academie ne pouvaient plus répondre à la demande pour les t-shirts. Finalement, Royler trouva un t-shirt violet qui correspondait à ma taille, après avoir retourné une pile de vêtements en vrac dans un coin derrière un tapis roulé.

Un jour Roberto Traven entra a l'academie portant la ceinture qu'il venait de remporter en Russie a "l'Absolute Fighting Vale Tudo" . Traven est un membre d'Alliance les plus redoutables rivaux en compétition par équipes de Gracie Humaita (les quatre grandes équipes au Brésil sont Gracie Humaita, Gracie Barra, Carlson Gracie et Alliance). Malgré tout il semblait etre venu en ami. Ce qui dans un sens est logique etant donné que toutes les académies émanent de la même source: la famille Gracie, (le père et l'oncle de Royler). Tout le monde admirait sa ceinture, malgré le fait qu'ils en aient deja vues de nombreuses auparavant. Les murs etant remplis de trophées, de plaques et de médailles. Si la rivalité est forte entre Brésiliens, ils sont toujours ravis lorque l'un d'eux brille a l'étranger.

C'est presque difficile à croire, mais de nombreux Brésiliens ont une sorte de complexe d'infériorité. J'ai été stupéfait un jour d'entendre quelqu'un dire, "Le football est la seule chose dans laquelle nous soyons bons". Il était instructeur de jiu-jitsu!

Je n'étais pas le seul Américain en visite à Gracie Humaita à l'époque. il y avait aussi Blaine, un avocat de San Francisco. Il était également ceinture blanche et avait étudié avec Carley l'oncle de Royler en Californie. J'aimais l'idée qu'un riche avocat viennent pour un week-end à Rio juste pour s'entrainer avec les Gracie. Il n'était pas specialement meilleur que moi, ce qui m'a fait me sentir moins pitoyable. Blaine m'a demandé si j'avais etudié d'autres arts martiaux auparavant. J'ai menti j'ai dit non. Parce ce que de toutes facons ces arts martiaux me m'avaient servi a rien sur le tatame, et cela aurait été triste de dire qu'un supposé expert en des arts martiaux (ou au moins, quelqu'un avec de multiples "ceintures noires") est dominé sur le tapis par des personnes n'ayant pratiquement pas de background en arts martiaux si ce n'est que quelques semaines de Gracie Jiu-Jitsu. En fait plutôt que d'être un avantage comme certaines personnes naives pourrait le penser, mon bagage en arts martiaux fut plutot un obstacle à surmonter
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Message  rody Mar 27 Avr - 12:53

4. ALLIANCE
22.06.08 - 19h10 par Fightway

Entrainement avec Romero "Jacaré" , Rodrigo Comprido et Magrão Gurgel a Ipanema



Je quitte donc le Brésil pour rentrer au Japon, j'en profite pour m'arreter un mois en Thaïlande, en pensant que les deux mois, que j'avais passé sur les tatame de São Paulo et de Rio de Janeiro allaient me suffir. je me trompais lourdement...

A mon retour au Brésil, cinq mois plus tard, l'académie "Master Jiu-Jitsu" avait disparu. Enfin pas disparu, elle avait démenagé, elle se situait maintenant au cinquième étage d'un batiment qui fait le coin de la Rua J. Angelica et qui donne sur sur un grand parc dans le centre d'Ipanema, Praça N.S.da Paz.

J'arrive en plein milieu d'un cours. Quelqu'un me demande ce que je désire. Je lui réponds que je cherche Malibu. Un gars qui ressemble à John Cassavetes dans le film Dirty Dozen (Les douzes salopards) vient vers moi et se présente lui-même. C'est Romero Cavalcanti mieux connu sous le nom de Jacare, le propriétaire de l'académie et l'un des cinq gars a avoir reçu sa ceinture noire des mains de Rolls Gracie.

Jacare non seulement ressemble à John Cassavetes, mais il a aussi la meme facon de parler, il parle tres bien anglais (au moins aussi bien que John Cassavetes). Pas étonnant, il est allé au lycée à Manhattan. Jacare avait entendu parler de moi par Malibu et son assistant Eduardo, il savait que j'étais un écrivain américain. Jacare m'invite a m'entrainer.

Je reviens donc le lendemain pour le cours "iniciantes" (débutants). En fait les écoles de jiu-jitsu n'ont pas vraiment de cours pour débutants. A part les cours "Infantil" et "Juvenil" qui sont reservés au moins de 16 ans, dans la section "Adulto" le cours se fait en fonction de qui est là. Par exemple lors de mon premier cours "débutants" la majorité des gars étaient ceinture bleue et violette. De temps en temps, il peut meme y avoir des marrons voir des noires. En fait en tant que ceinture blanche, je faisais partie de la minorité. La plupart du temps, j'étais meme la seule ceinture blanche! Il y a une raison démographique à cela. N'importe qui a n'importe quel age peut commencer à apprendre le jiu-jitsu et débute forcement avec une ceinture blanche. Mais à Rio, la plupart débutent a leur adolescence, et conservent leur ceinture bleue longtemps. J'ai rencontré des gens qui ont commencé quand ils étaient enfants et sont restés ceintures bleue pendant six ans.J'ai meme rencontré quelqu'un qui est resté ceinture jaune pendant 8 ans avant de reçevoir sa bleue.

Les jeunes gars de l'académie vont à l'école (si leurs parents ont assez d'argent pour leur payer les cours de le jiu-jitsu, ils ont assez de les mettre dans une école privée) et donc, ne travaillent pas. Car contrairement à la classe moyenne Américaine typique, les Brésiliens ne pensent pas que le fait d'avoir un job a temps partiel après l'école soit pour un jeune une bonne expérience qui consolide son caractere. Les gars plus âgés ont tendance à avoir un emploi (s'ils n'en ont pas, ils ne peuvent pas financierement se permettre de faire jiu-jitsu), travaillant ils ne sont donc généralement pas libres pour suivre le cours de l'après-midi. Ainsi, les ceintures marrons et noires qui ont tendance à être plus âgés s'entrainent en soirée, alors que la plupart des ceintures bleues et violettes qui ont tendance à être plus jeunes s'entrainent l'après-midi. Bien sur je parle en general. Car les jeunes gars, et les ceintures bleues ou violettes de tous les âges sont parfaitement libres de s'entrainer le soir. Mais vous verrez beaucoup plus de ceintures noires en soirée, que pendant la journée. L'une des raisons est aussi que forcement les ceintures noires preferent venir s'entrainer quand ils s'attendent a retrouver d'autres ceintures noires.

Si je vais au cours "débutants" c'est parce que forcement je suis un débutant. Mais aussi parce qu'il est moins bondé et aussi parce que je pense qu'il est bon pour moi de tourner avec des mecs qui sont meilleurs que moi, mais pas d'un trop haut niveau non plus. Etant donné la quasi absence de ceintures blanches, les ceintures bleues font d'exellents partenaires. Je doute que je puisse soumettre l'un d'entre eux, mais je pense pouvoir raisonnablement me défendre. Contre des ceintures violettes, marrons ou noires par contre je pense qu'il n'y a qu'en reve que je puisse les faires taper...

Maintenant, il n'y a rien de grave dans le fait de taper, comme l'explique Jacare. En fait, c'est meme la clef pour progresser. C'est ce qui vous permet de pratiquer a fond et de facon réaliste sans risquer de vous blesser. (Si vous vous entrainez en Muay Thai chaque fois a fond avec un total réalisme, vous allez vous blesser tellement souvant que vous ne serez pas en mesure de pratiquer assez longtemps entre chaque blessure pour devenir bon.) En meme temps ne faire que taper ne vous aidera pas à beaucoup non plus. Il faut un équilibre. Si de temps en temps c'est bon de tourner avec des gens qui sont techniquement à des années lumières de vous, car il n'y a rien de mieux pour recadrer son ego. Etant donné que vous devez d'abord apprendre à marcher avant de pouvoir courrir, le mieux pour les entraînements de routine est d'avoir un assortiment de partenaires, certains un peu plus forts que vous et d'autres un peu moins. De cette facon, vous serez en mesure de pouvoir travailler tantot votre défense tantot vos attaques. Il est bon également d'avoir quelques mecs "clueless" (idiots), de sorte que vous puissiez reussir sur eux une nouvelle technique une fois ou deux avant de l'essayer sur un adversaire plus prudent ou plus dangereux qui vous le ferait payer si vous la tentiez et la ratiez sur lui (ce qui est susceptible de se produire la première fois qu'on tente une nouvelle technique).

Dans mon cas, il n'y avait pas de gars "clueless". J'ai dû payer chaque fois que j'ai tenté une nouvelle technique....

En fait j'ai beaucoup de chance que Jacare soit là, car normalement il vit aux États-Unis mais là il etait revenu à Rio pour les fêtes de Noël. J'allais pouvoir apprendre personnellement avec celui qui fut l'un des meilleurs étudiants de Rolls Gracie et aussi pouvoir parler avec lui de l'histoire du jiu-jitsu dont il fut le temoin et l'acteur d'une partie substantielle.

Depuis le boom, le nombre de tournois a fortement augmenté. Alors qu'avant plusieurs années pouvaient s'écouler entre deux tournois. Maintenant de grands tournois sont organisés a quelques mois d'intervals et depuis 1996, un championnat du monde a lieu chaque été en Juillet. Jacare lui était déja impliqué dans le milieu du jiu-jitsu depuis bien avant le boom, à une époque ou le jiu-jitsu etait principalement une forme d'auto-defesa (self-Défense), ce qu' il avait toujours été. (C'est en grande partie Rolls le professeur de Jacaré qui est a l'origine de la forme sportive de jiu jitsu).

Jacare pense tout le monde devrait d'abord avoir une solide base self-défense avant de se plonger dans les subtilités du jiu jitsu sportif. Généralement ses cours commencent avec deux ou trois techniques de défense contre les divers types d'attaques, comme une attaque par derriere, un headlock debout, et la plupart des autres attaques typiques en cas d'aggression. Toutefois, je n'ai jamais vu de défense sur une saisie de poignet. Peut-être que les Brésiliens ne se saisissent pas par les poignets. (Un jour j'ai montré à un étudiant une technique d'Hapkido sur une saisie de poignet, les autres se sont rapidement rassemblés autour de nous pour regarder et ont été impressionnés. Ils voulait tous savoir comment le faire eux-mêmes.)

La partie self-défense est courte. "Nous ne pratiquons plus autant d'auto-defesa qu'avant" me dit Jacare, "Parce que nous n'avons pas besoin" Il précise: "Nous pensons que tourner est la meilleure préparation pour l'auto-défense. Vous développez votre conditionnement, votre endurance, la résistance à la douleur, la sensibilité aux mouvements de l'adversaire, et les autres éléments dont vous avez besoin pour une bonne auto-défense "

c'est plus amusant aussi.

Jacare m'explique que le jiu-jitsu a été initialement conçu pour l'auto-défense, mais beaucoup de gars jugeaient trop fastidieux de répéter sans cesse des mouvements contre des attaques qui n'avaient de toutes façons jamais lieu. Ce qu'ils aimaient c'etait tourner. A cette époque les règles et le systeme de pointage tels qu'on le connait aujourd'hui n'existaient pas (il parle de sa période avec Rolls de la mi 60 à 1982) malgré tout il etait convenu que le fait de passer la garde est mieux que de se la faire passer, etre en monte est mieux que d'etre monté et ainsi de suite, et bien évidemment, soumettre son adversaire etait ce qu'il y avait de mieux. C'etait une sorte de reglement non officiel, mais généralement compris et accepté de tous. Cette forme de competition (qui nous faisait tous progresser) et l'ouverture d'esprit qui consiste a intégrer au jiu jitsu de nouvelles techniques d'ou qu'elles viennent. Sont deux choses dont Rolls est à la base.

Il ya des Brésiliens qui reprochent à Rorion de monopoliser le nom de famille, ses oncles Carlson et Carley pour ne citer qu'eux. Jacare, comme d'autres, a une vue plus pragmatique. Rorion est devenu plus riches que tout le monde,ok. Mais si aujourd'hui les gens gagent de l'argent en donnant des leçons, en vendant des vidéos, en combattant etc... C'est grace a lui. "Não se pode tapar o sol com a paneira" ajoute-t-il (vous ne pouvez pas bloquer le soleil avec un tamis). Je n'avais aucune idée de ce que cela signifiait.

Le lendemain, j'arrive plus tot à l'academie, de maniere à regarder les différents cours. Le cours "Infantil" est donné par Rodrigo Medeiros et Ricardo Vieira, tout deux ceinture violette (Rodrigo était encore ceinture bleue lors de mon précédant sejour chez Master jiu jitsu six mois plus tot, et sera ceinture marron au moment où je quitterai l'ecole dans 2 mois). Les Brésiliens sont réalistes quant à ce que des enfants peuvent et veulent faire. Leur durée d'attention est courte et ils ne sont pas vraiment très préoccupés par l'auto-défense à cet âge. Une grosse partie du cours consiste donc à laisser les enfants brûler leur énergie, en courant, en donnant des coups de pied dans un ballon de football, en luttant, l'important est que petit a petit ils s'habituent à être dans une académie et absorbent la façon dont les choses se font et ce qu'elles signifient. La classe commence et se termine à une heure fixe. Ricardo et Rodrigo demandent leur attention de temps à autre pour organiser une nouvelle activité. Rodrigo leur enseigna ce jour là une technique plutot interesante, une sortie de monte. Etant adaptée a des enfants elle ne fonctionnerait certainement pas tel quel sur un adversaire adulte mais je me dit qu'en l'utilisant a partir de la garde cela pourrait donner un renversement interresant. Même à cet âge, ils apprennent des techniques utiles.

Arrive ensuite le cours "Juvenils" aussi donné par Rodrigo et Ricardo. La combustion d'énergie est egalement au programme dans ce cours. Et pour tout vous dire n'ai jamais vu un cours adulte ou l'echauffement etait d'une telle intensité. Il n'y a que des adolescents de cet age qui soient capables de depenser autant d'énergie tout en étant ensuite capable de poursuivre le cours. L'échauffement est en fait combiné avec des exercices techniques. Tout d'abord, des takedowns ensuite des passages de garde, enfin un exercice de clinch avec une variante interessante. Un des gars essaye de gifler l'autre au visage, l'autre a deux solutions soit aller au clinch soit se faire gifler. Etant donné que personne n'aime se faire gifler, cet exercice pousse l'eleve à travailler son clinch énergiquement. J'aurais aimé travailler une fois de cette facon, mais je n'ai jamais vu cet exercice se faire dans un cours adulte. Après tout cela, ils ont commencer un cours ordinaire: positions et combats. J'étais épuisé rien que d'avoir regardé le cours....

Le cours suivant est le cours "Adulto" de l'apres midi. Comme mentionné plus haut, ce cours est essentiellement composé de jeunes gars ceinture bleue. En fait il y a plus de ceintures bleues que de ceintures blanches dans toutes les académies, que j'ai visité au Brésil (contrairement a Los Angeles, ou les ceintures blanches et les ceintures bleues ont tendance a suivre des cours differant, et contrairement aussi à Tokyo au Gracie Japan). L'une des raisons est que le jiu-jitsu est maintenant bien établi et les classes comptent peu de nouveaux arrivants en regard au nombre d'anciens. Une autre raison est qu'il est relativement facile d'obtenir une ceinture bleue à Rio (par rapport aux autres endroits ou je me suis entrainé). La plupart conviennent que six mois d'entrainement régulier, trois jours par semaine suffisent pour obtenir une ceinture bleue.

Jacare donne le cours. Il semble qu'il aie envie de travailler des techniques debout aujourd'hui. Ses techniques sont bonnes, solides, nous voyons une défense contre un coups de poing. En l'occurence un large swing. Jacare recommande un overhook, de facon a parrer le coup de poing, et ensuite emprisonner le bras pour effectuer un takedown ou une projection. Jacare nous met en garde, "Attention!! il peut toujours frapper de l'autre main donc soyez prêt à overhooker l'autre bras si il tente de frapper. Ensuite, vous pouvez vous décaler , et le projeter par dessus votre hanche.

Par contre sur un direct (un coup rectiligne) c'est autre chose, dit Jacare. Vous ne pouvez pas utiliser un overhook sur un coup de poing qui est "à l'intérieur" ( pour emprunter un concept de kali). Au lieu de cela, vous devez le parer de facon a vous décaler et vous retrouver à l'exterieur de la trajectoire du coup de poing, le mieux est de se retrouver presque derriere l'adversaire. Une fois que vous avez fait ca, il est facile d'aller au clinch et poursuivre avec un takedown de votre choix. Un point à retenir, ajoute t il, si vous êtes derrière lui, mettez un pied en arrière, afin d'eviter qu'il ne vous contre en vous projetant. Ils faut toujours supposer qu'il a un plan B, en conséquence ayez toujours vous aussi un plan B ou C

La technique suivante attire mon attention parce que je me rappelle l'avoir vue dans un kata Goju-ryu. Bien que j'aie étudié le karaté Goju-ryu pendant cinq ans (1972-1977), à aucun moment une quelconque technique d'auto-défense ne m'a explicitement été enseignée. En fait, le sensei (Un membre du "hall of fame" du magazine Black Belt) nous mettait souvant en garde de ne pas essayer d'utiliser le karaté pour l'auto-défense (il recommandait la fuite, je lui donne une bonne note pour sa sincérité). En fait je pense les techniques étaient "cachées" dans les katas que nous apprenions. Peut-être, étions nous censés nous rendre compte par nous meme que ces techniques étaient dans les katas et peut etre étions nous aussi censés les extraires par nous memes? Malheureusement, nous étions trop occupés à mémoriser les mouvements du kata pour le prochain passage de ceinture pour avoir le temps de réfléchir à quoi la plupart de ces mouvements étaient censés servir. (occasionnellement le sensei nous expliquait que tel mouvement pouvait être utilisé soit comme un bloclage ou un coup de poing par exemple, malheureusement il avait tendance a le faire dans les cas où c'etait une évidence). Conclusion effectivement des techniques de self-defense etaient bel et bien cachés dans les katas mais si ni le sensei ni les anciens ne vous le disent il faut plusieurs années pour s'en rendre compte, les extraire et comprendre leur application.

Ce type de "télépatie" est considérée comme allant de soit au Japon. Pour eux etre explicite n'est pas une vertu, les Japonais croient que tout ce qui est facile à apprendre n'est pas intéressant à savoir. Les Brésiliens n'ont pas ce problème avec ce qui est explicite. Ils ont meme tendance à préférer ca. Ils considerent qu'une chose est interresante à savoir du moment ou elle apporte quelques chose à celui qui l'apprends, le fait que ce soit difficile ou facile n'a rien avoir. Les Japonais croient que faire les choses difficilement développe et démontre le respect et la moralité d'une personne. Pour les Brésiliens si vous faites quelque chose difficilement c'est parce que n'avez pas trouver un moyen plus facile de le faire.(Toute personne sensée préfère faire les choses facilement, car ca lui laisse plus de temps pour aller à la plage) ou que vous n'avez pas les relations necessaires pour trouver quelqu'un qui le fasse pour vous. Le Brésiliens mettent l'accent sur la fonction plutôt que la forme, le résultat plutôt que le processus. Maintenant, évidemment, la fonction et la forme, le résultat et le processus sont liés. Parfois, cela donne de meilleurs résultats d'ensemble de mettre l'accent sur le processus comme le pensent les Japonais. Mais cela ne fonctionne qu'a condition d'avoir affaire a un nombre de personnes assez semblables, très bien organisées et qui ont été spécifiquement éduquées pour être bonnes et suivre scrupuleusement les instructions.Dans ce cas le model Japonais fonctionne très bien. Mais ces conditions n'ont jamais existées au Brésil et les Brésiliens n'ont pas adopté cette ligne de conduite comme modèle d'éducation. (Les Brésiliens trouvent certains aspects de la culture japonaise interessants, mais cette discipline excessive qui regit une grande partie de la vie japonaise et les relations humaines, n'en fait pas partie)

Il y a une pause de plusieurs heures avant le prochain cours "adulto". Fernando Gurgel, le frère aîné de Fabio, est chargé de ce cours. Le surnom de Fernando est Magrão, qui signifie "maigre". Peut être l'etait il lorsque qu'on lui a donné ce surnom, mais maintenant avec ses 1m85 et environ 85 kilos, ses énormes mains et avant-bras, il est loin d'etre maigre. Dans ce cours presque tout le monde est ceinture noire ou marron délavée. Il y a juste une poignée de violettes, bleues et blanches. Jacare est là aussi, pour être avec ses anciens amis, et s'entrainer un peu avec eux.

Jacare a 45 ans, il fait environ 1m80 pour 75 kilos. L'inconvénient quand on est aussi bon que lui, c'est qu'il est difficile de trouver des gens qui puissent vous mettre en difficulté à l'entrainement. Mais si vous êtes un bon professeur, vos élèves deviennent aussi tres bons, peut-être meme aussi bons que vous. Peut-être meme meilleurs. Jacare doit avoir été un bon professeur, parce qu'il a beaucoup de bons élèves: Fabio Gurgel, Roberto Traven, Alexandre Paiva, Rodrigo "Comprido"Medeiros (tous les quatre champions au Mundial) pour ne citer qu'eux.

Jacare appelle, une énorme ceinture marron pour tourner avec lui. Cette ceinture marron a assez de force et de compétences (ayant bénéficié d'un excellent enseignement) qu'il pourrait peut être bien être en mesure de faire taper son professeur. Si pas le faire taper, du moins lui faire perdre la face si celui ci n'est pas en mesure de vaincre sans effort son jeune élève qui pèse facilement 25 kilos de plus que lui. Alors qu'un professeur de karate "touché" par un élève dans un combat peut s'en sortir en finesse en disant à son élève "joli coup" car le fait qu'il soit apte a juger de la qualité de la technique montre qu'il est superieur (imaginez un eleve touché par son professeur lui dire "joli coup"...) ou en lui disant que de toute facon le coup n'etait pas bien donné et qu'il n'etait pas assez puissant pour faire des degats.

Un professeur de jiu jitsu lui ne peut pas utiliser cette "pirouette". En dépit du fait que tout le monde dit qu'il n'y a rien de grave à taper, il y a des gars qui prefereraient se faire casser le bras plutot que de taper contre une ceinture inferieure. (Souvant ceux qui disent qu'il n'y a rien de grave au fait de taper, sont ceux qui sont si bons que cela ne leur arrive jamais d'avoir a le faire). Le fait que l'on doivent répeter sans cesse que ce n'est pas grave de taper, trahi le fait que beaucoup présentent une forte réticence à le faire. Je n'ai jamais vu personne se faire volontairement soumettre par une ceinture inférieure ou ne pas etre gêné ou visiblement dérangé si cela lui arrive. Si vous taper, c'est parce vous ne pouvez plus faire autrement, ce qui signifie que la technique de votre adversaire etait reussie, du moins assez pour faire sauter vos jointures ou pour vous endormir ou asphyxier si vous n'aviez pas taper.

Durant le combat, l'élève ceinture marron a fait tout ce qu'il pouvait pour essayer de faire taper Jacare. Ce n'est pas considéré comme un manque de respect. C'est tout simplement la réalité du combat. Si votre professeur de jiu-jitsu, vous appelle pour tourner avec lui, tourner ca veut dire tourner. Lui va peut etre "jouer" avec vous, décider de ne pas specialement essayer de vous soumettre. Mais il s'attend à ce que vous, vous fassiez de votre mieux pour vous défendre et l'attaquer. Une jour j'ai entendu une ceinture bleue qui venait de tourner avec Rickson, dire aux autres (une fois que Rickson soit parti, bien sûr) qu'il avait presque fait taper Rickson, mais qu'il l'avait laissé sortir. Tout le monde se moqua de lui.

Faire taper l'autre n'est pas toujours une finalité. Les Brésiliens ont beaucoup de bon sens. Si le jiu-jitsu a été conçu pour permettre aux plus petits et plus faibles de pouvoir se défendre voir soumettre des plus grands et plus forts. Cela ne signifie pas qu'une ceinture noire de 55 kilos va passer du bon temps contre une ceinture violette de 120 kilos. Royler est peut etre meilleur en jiu-jitsu que Mario Sperry, mais pas suffisamment pour compenser une différance de 25 kilos en sa défaveur. Le niveau technique a de l'importance, mais le poids aussi. La chose qui a le plus d'importance dans un cas particulier dépend d'un ou plusieurs facteurs qui doivent etre specifiés à l'avance. Parfois il arrive que personne ne tape parce que les deux combatants sont d'un niveau égal que ce soit en defense ou en attaque. D'autres fois, c'est parce que l'un ou l'autre a décider de tourner en travaillant autre chose que les finitions comme par exemple prendre, conserver, sortir ou retrouver une position particuliere, on peut aussi tout simplement travailler la mise en place d'une technique de finition sans l'exécuter.

Le cours "adulto" de 19h30, devrait deja avoir commencé, la pluart des gars sont là, relax, ils discutent, d'autres font de légers étirements. À environ 19h45, Magrão se lève et commence le cours par un petit échauffement. Certaines ceintures noires et marrons restent là où elles se trouvent. L'echauffement terminé, Magrão montre les techniques, deux variantes a partir d'une omoplata (une clef d'épaule). La plupart des gars plus âgés, pour qui ces deux techniques semblent familieres ne prennent meme pas la peine de les pratiquer. Sergio Malibu m'avait dit que la plupart des techniques de jiu-jitsu sont assimilées avant la ceinture marron, après c'est plus une question de perfectionnement plutôt que d'apprendre réellement. Cela semble être vrai. Les ceintures noires et marrons sont venues pour tourner. La partie "combats" dans le cours "Adulto" du soir est moins structurée que dans les autres cours. En fait, le seul semblant de structure vient du fait que Rodrigo (qui semble vivre à l'académie) chrono en main dise "vai" pour commencer et "tempo" pour s'arreter dix minutes plus tard. Ceci dans l'intérêt de ceux qui voudraient tourner dans les délais. Malgré ca la plupart des gars commencent quand ils le sentent. Ils s'arretent neanmoins quand Rodrigo dit "tempo" afin de changer de partenaire. Il est rare qu'un gars tourne deux fois avec le meme partenaire pendant le cours, surtout deux fois de suite, mais de toutes facons dans ce cours chacun fait ce qu'il veut. Le cours est censé se terminer à 21h00, mais certains prennent congé plus tôt et certains continuent de s'entrainer. Un ou deux arrivent meme apres 21h00. Les ceintures noires et marrons ne semblent pas avoir envie ou besoin d'un cours structuré de façon rigide, mais plutôt d'un lieu ou il peuvent tourner entre eux. La plupart d'entre eux sont de vieux amis et s'entraînent ensemble depuis longtemps. le Jiu-jitsu a été une grande partie de leur vie et grâce à la révolution Gracie, ils font partie d'une élite. Parfois des gars viennent à l'academie simplement pour voir leurs amis.

Jacare est au Brésil pour quatre semaines, il est venu a Rio pour les vacances de Noël et de Nouvel An. Ensuite il retournera à Atlanta, ou il a ouvert une nouvelle academie. Rodrigo prendra alors en charge les cours de Jacare. Magrão fera les cours du soir, s'occupera de superviser les open-mat et donnera les lecons privées le samedi. A l'academie, je tourne souvent avec Rodrigo. Pour le moment il semble travailler son omoplata. A chaque fois que je pense avoir reussi a passer sa garde je me retrouve pris en omoplata (Ricardo recevera sa ceinture marron, moins d'un an apres avoir recu sa violette). Jacare a raison quand il dit de lui qu'il est est un "natural jiu jitsu fighter" Sachant qu'en plus Rodrigo est à l'academie 5 jours sur 7 du matin au soir. Ca ne peut pas lui faire du tord....

Souvent j'ai le sentiment de reussir une brillante initiative, peut-être même d'etre proche de finaliser Rodrigo. Mais ce n'est qu'une illusion. Il sait jusqu'a quel point il peut se permettre de me laisser lui prendre le dos ou le cou avant de travailler sur ce qu'il avait prévu et me finaliser. Mes journées sont faites de déceptions. Les pièges sont partout....

Je n'ai pas eu ce problème la seule fois ou j'ai tourné avec Magrão. Il ne m'avait pas vu souvent et donc ne connaisait pas mon niveau. Certes, j'etais ceinture blanche et lui ceinture noire et il y a un fossé entre une blanche et une noire. Mais parfois, meme un debutant peut reussir un truc qui mette en difficulté un gars bien meilleur que lui pendant un certain temps. Parce qu'il ce peut que ce debutant aie un gros background en lutte en sambo ou en judo ou qu'il soit anormalement souple. C'est pour ca que Magrão ne prit aucun risque avec moi. Il a directement évité de venir dans ma garde, c'est positionné en croix sur moi, et m'a rapidement finaliser. Apres quoi il me dit sur un ton amical: " Il faut du temps pour s'habituer aux positions"

Beaucoup de gens m'ont dit que taper souvant lorsque on est ceinture blanche est la clef pour progresser. (On m'a dit aussi de profiter de cette liberté que la ceinture blanche offre de pouvoir le faire sans crainte, parce que au fur et a mesure qu'on avance, il y a chaque fois de moins en moins de gars, contre qui on peut le faire sans etre embarassé ou etre le sujet des moqueries des autres.) Si c'est vrai, je vais devenir sacrément bon...

Au cours de l'été (qui dure de décembre à mars au Brésil), nous nous entrainons "sem kimono" (sans GI). Cela produit des effets intéressants. L'un d'eux est que sans mon kimono, alors que je tournais avec Fabio Duarte, un grand mec d'environ 100 kilos récemment promu ceinture bleu, il alla chercher mon bras et me verouilla en kimura alors que j'etais en half mount sur lui . Donc le danger peut survenir meme lorsqu'on se trouve dans ce qui semble être une position supérieure. Dans le même temps, j'ai trouvé qu'il était plus facile d'éviter de me faire verouiller le bras par des petits gars souple quand j'etais dans leurs gardes. C'était également plus facile de leur passer la garde (ou plutôt ca permettait de reussir de temps a leur passer la garde.) Mais ils avaient à leur tour plus facile de sortir quand j'étais en croix sur eux.

Autre chose, lorsque des gars que vous ne connaissez pas, se presentent devant vous pour tourner, vous ne savez pas quelle est leur niveau de ceinture, etant donné que nous ne portons pas nos ceintures. J'essaye alors de deviner leur grade indirectement, en observant leurs interactions avec Rodrigo de facon a estimer environ depuis combien de temps ils pratiquent. Leur taille ou les expressions du visage ne fournissent pas d'informations utiles, mais plus tard il s'est avéré que les mecs qui avaient le plus d'experience étaient généralement ceux qui semblaient les plus détendu avant de commencer à combattre.

Un gars arrive, à peu pres de ma taille, il m'appelle pour tourner avec lui. Directement j'essaye de le prendre dans ma garde en utilisant un mouvement que m'avait précédemment enseigné Sergio Malibu. Ca ne fonctionne pas, il passe sur le coté et se retouve aussitot en monte. Mes tentatives pour sortir avec la "uupah" sont infructueuses. Il saisi alors ma gorge avec les deux mains et commence à serrer. Je me sers de mes bras pour briser son emprise, et retente une uupah qui échoue à nouveau. Ca lui permet de reprendre son etranglement qu'il effectue avec encore plus de pression. je réitère l'opréation encore et encore, jusqu'à ce que finalement il me semble qu'il soit plus facile d'être étranglé que de continuer de lutter en vain. Je tape...

C'est assez décourageant, parce que son attaque était si basic, n'importe quel clown peut faire ca. Je n'avais jamais vu quelqu'un essayer quelque chose d'aussi peu technique dans toute l'académie. Cet étranglement porte un nom à Rio. Rodrigo l'appelle un "Copacabana choke". Il me précise que le Copacabana choke c'est juste pour "brincar" (plaisanter) parce que c'est trop facile de s'en échapper. Quand il m'a dit ca j'étais encore plus découragé, parce que de toutes evidences je n'avais pas su m'en échapper. Rodrigo me montra alors la sortie (j'avais échoué parce que je n'avais pas été en mesure de renverser le gars, qui s'averera être une ceinture violette). Mais il y avait autre chose. Au lieu de saisir ses bras comme je l'avais fait par l'extérieur, il fallait faire l'inverse, en placent mes avant-bras à l'intérieur de ses coudes, de facon a les bloquer. C'est ce qui l'empecherait de se servir de ses bras pour prendre appui lorque je tenterai la uupah. Et si pour une raison quelconque, la uupah ne fonctionne toujours pas, au moins il ne sera pas en mesure de continuer a etrangler.

Lorsque je suis arrivé au Brésil, ma priorité était de pratiquer le jiu-jitsu autant que possible. En conséquence, je m'entrainais au moins cinq jours par semaine, parfois six. Ma deuxième priorité etait de ne pas me blesser pendant l'entraînement. En temps normal, une légère blessure qui vous tiens en dehors des tapis pour une semaine ou deux n'est pas une catastrophe majeure. Mais lorsque vous avez parcouru la moitié de la planete dans l'unique but de vous entrainer et que vous vivez à l'hotel, deux semaines voire meme une seule, c'est tres long...

Ainsi, lorsque l'inévitable s'est produit, une légère blessure au genou, mais qui limitait ma mobilité et dont le temps de guerison etait estimé a deux semaines. j'ai décidé qu'il était probablement temps de repartir. Le fait que je sois a cours de liquide et que j'avais atteint le plafond de ma carte Visa a aussi influencé ma décision.

Etait-ce la fin de l'odyssée de Roberto dans le monde du jiu-jitsu ? Non juste un interlude....

Note: En fait, mon premier arrêt au Brésil fut São Paulo ou je me suis entrainé à la "Rick Kowarick's Top Form Academy" ou l'enseignement etait aussi de tres bonne qualité. J'ai écrit au article a ce sujet dans le numero de Juillet 1998 de Black Belt magazine. C'est Rick qui m'a dit: "Si tu veux voir le meilleur jiu-jitsu va à Rio." c'est ce que je fis
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Message  rody Mar 27 Avr - 12:54

5. DOJO JIU JITSU
22.06.08 - 19h19 par Fightway

Entrainement avec Aloisio, Leka et Cafe a Copacabana / Conversation avec Ricco Rodriguez, Sergio Penha et Reyson Gracie



Leka est au comptoir absorbée dans un grand livre. Quand elle me voit et me dit d'une voix douce, en me regardant par dessus ses lunettes: "Tu es venu". Elle appelle alors Aloisio, qui descends du loft qu'il est entrain de renover pour loger les combattants de jiu jitsu. "Tu es venu à temps pour le Mundial", me dit il . "Tu t'entraines ce soir n'est ce pas?" Je ne sais pas trop, je viens de passer les 42 dernieres heures entre les vols, les salles d'attente d'aéroports, les trains et les bus. "Ok, ce soir regarde, tu t'entraineras demain", me dit il.

Prof. Aloisio Silva est le fondateur, propriétaire, coordinnateur et chef instructeur de "Dojo Jiu Jitsu" une academie située a un pâté de maisons de plage de Copacabana au quatrième étage d'un immeuble qui abrite un magasin de bagages au rez-de-chaussée, une église au deuxième et les restes d'un ancien centre de musculation au troisieme. Quand on arrive sur le palier du quatrieme, les murs remplis de photographies, affiches, logos, médailles, trophées et publicitées pour des suppléments alimentaires sont autant d'éléments qui indiquent qu'une académie de jiu-jitsu n'est pas loin.

Aloisio ne donne les cours qu'a de rares occasions. Il consacre la plus grande partie de son temps à son élève étoile. Alessandra "Leka" Vieira. Leka n'est pas spécialement la meilleure éléve d'Aloisio, mais elle est celle dont il est le plus proche. Leka a commencé à apprendre le jiu-jitsu avec Aloisio quand elle n'etait encore qu'une petite lycéene rondelette. Aujourd'hui, elle est devenue la premiere femme ceinture noire de jiu-jitsu au Brésil, championne de nombreux tournois, elle a un taux de graisse corporelle de 8% (que la plupart des hommes lui envie). Leka est petite et légère (environ 55 kilos), mais musclée. Elle s'exprime avec une voix douce et timide, elle est toujours tirée à quatre epingles, les cheveux en brosse elle porte des lunettes qui la font ressembler à une bibliothécaire. Il s'agit de sa manière à elle de dire que le jiu-jitsu c'est du serieux. La regarder tourner ne laisse d'ailleurs aucun de doutes à ce sujet. Un jour des combattantes sont venues au Dojo pour voir ce que valait Leka et la tester. Après que Leka les aient toutes rossées elles sont devenues de tres bonnes amies.

Leka conduit l'échauffement, elle commence par une serie de mouvements assez inhabituels qui ressemblent à du yoga. La plupart des gars plus âgés ne participent pas, ils sont assis appuyés contre le mur et discutent, d'autres s'etirent lentement de leur coté. De plus en plus de monde arrive. Il y de tout, des bleues, des violettes, des marrons, des noires. Il y a aussi des enfants ceinture jaune ou blanche et des filles ceinture blanche ou bleue. La petite salle est vite pleine à craquer Certains sont deja entrain de tourner, mais la plupart sont appuyés contre le mur. Au bout d'un moment, Aloisio enfile son kimono, met tout le monde en ligne, et commence à donner le cours. Il appelle une ceinture violette et entame avec lui la démonstration d'une longue série de positions et de finitions. Tout le monde est assis regarde et écoute. La démonstration est tres longue. Je n'avais jamais vu un professeur de jiu-jitsu autant parler pendant un cours. Apparement les autres ont l'air étonnés aussi. j'en voit se lancer des regards perplexes.

Aloisio m' expliquera plus tard qu'il avait fait un cours spécial pour moi, un genre de "seminario". Il le fait parfois, lorsqu' il recoit des visiteurs à l'académie.

Leka et Alexandre "Café" Danta sont les deux plus grandes et brillantes "stars" du Dojo, mais ils ne sont pas les seuls champions. Aloisio a également été un champion et Cacao, Ricardo, Tadeau, et João ont aussi remportés de grands championnats. Lango, qui enseigne également le kickboxing, a été un redoutable combattant de vale tudo.

Leka est la première personne que je vois quand j'arrive à l'académie le lendemain après-midi. Je lui demande :"Leka, toi qui est une grande championne et a remporté de nombreux titres. Que me conseils-tu de faire pour gagner le titre en ceinture bleue, de la catégorie poids moyens en "super-senior" au prochain "Internacional de Masters e Seniors"? "entraînes toi durement", me reponds elle."Juste m'entraîner durement?" "Oui" dit elle. J'aurais esperé quelque chose de plus concret. Je me demande aussi si m'entrainer durement la semaine qui précède une grande compétition est très judicieux. Je ne pense pas que ma technique ou ma condition physique puissent s'améliorer sensiblement en un si court laps de temps. Il est aussi fort possible que je me blesse et n'aie pas le temps necessaire pour récupérer. "On peut se blesser à chaque entrainement ", souligne João. Oui c'est est vrai, mais le Championnat du monde n'a pas lieu la semaine qui suit chaque entrainement. Café s'est blessé aux côtes en s'entrainant trop intensement une semaine avant le Mundial et il a dû declarer forfait pour l'absolute en ceinture marron. Malgré ca, il reussi à gagner le titre en "super-pesado". mais le fait d'être bi-Campaeo (double champion) aurait été encore plus impressionnant (toute personne qui est bi-Campaeo ne manque jamais de le mentionner quand il est interviewé par le magazine Tatame).

Je vais dans le vestiaire pour enfiler mon kimono et je tombe sur Aloisio. Je lui pose la même question qu'a Leka.

Il n'y a rien de vraiment special que tu puisses faire, me dit il, du moins rien qui puisse te donner un réel avantage, car tu peux être sûr que tout ce que tu vas faire, tes adversaires vont le faire aussi. Et peu importe ton niveau de préparation, tu peux toujours tomber sur un adversaire qui va faire quelque chose d'inattendu. Donc la meilleure chose à faire, me dit il, est de t'entraîner durement et faire de ton mieux. Si tu es meilleur que ton adversaire, tu peux gagner. Mais attention, être meilleur que son adversaire ne garanti pas obligatoirement la victoire. Parfois, tu peux être victime de la malchance ou comme ca arrive plus souvent, avoir un mauvais arbitrage. (Il m'a exhorté à écrire un exposé a propos de l'incompétence qui a permis à Alexandre Paiva de coacher sa femme Daniella dans son match contre Leka depuis l'intérieur de l'aire de compétition, en violation flagrante des règles. Daniella perdu de toute façon).

Il me dit que me raser les cheveux pourrait peut etre une bonne idée. A ce propos j'ai remarqué que tout ceux qui avaient gagnés des titres avaient les cheveux courts. Les hommes du moins. Les femmes avaient toutes les cheveux longs, à l'exception de Leka, qui avait meme une coupe plus courte que la plupart des hommes, et Leka a remporté un titre. Faut il en conclure quelque chose ?

Sur le tatame, je pose la même question à João (le fils d'Aloisio qui a 16 ans et est ceinture bleue) et Tadeau une ceinture violette qui vit à l'académie. Ils sont d'accord avec Leka: s'entraîner durement. Je fais alors remarquer que les combats débutent debout, mais que nous ne travaillons jamais debout, est il possible de le faire ? João me conseille alors d'aller travailler les projections avec Mark, une ceinture bleue d'environ 1m90 et 90 kilos. Mark est un Néerlandais qui réside maintenant de façon permanante à Rio avec son épouse brésilienne et leur jeune fils. Il a deux entreprises dont une "barraca" (bar de plage), à Leme, qui lui rapporte une petite fortune. Il a étudié le judo ("un peu", me dit il). Réussir à le projetter c'est avéré très difficile, mais j'ai remarqué que mes balayages fonctionnaient plutot bien, cette experience m'a donc appris quelque chose. J'ai aussi fait quelques rounds de "grip fighting" avec Tadeau, il est plus petit que moi mais a deja remporter des championnats. Le "grip fighting" ressemble un peu a ce qu'on appelle en judo "uchikomi", mais pas tout a fait. En judo on prends le grip de depart (kumi kata) et ensuite on répète le mouvement d'une projection sans projeter. Ici c'est differant on travaille pour essayer de prendre la meilleure position de grip. Dans les cas où les combattants sont à peu près du meme poids et du meme niveau technique, prendre le meilleur grip dès le depart peut faire toute la différence.

Ces deux expériences m'ont convaincu d'une chose c'est que de bonnes performences de ma part lors du championnat dépendraient de la qualité de mes adversaires. C'est une déclaration complètement vide de sens, mais néanmoins vrai. Tout dépend de la qualité de votre adversaire, de la qualité de sa préparation et de ce qu'il va faire pendant le combat.

L'entrainement est terminé depuis 17h30. Il est 19h30 mais je suis toujours à l'académie dans l'espoir d'obtenir l'avis de Café. C'est le combattant qui a le plus d'experience ici. Il vient d'être récemment promu ceinture noire et est connu sous le nom de "fenomenon do tatame" car il est célèbre pour terminer tout ses combats en finalisant ses adversaires (un "finalizador"). Il a fait taper des gars qui ne l'avaient jamais fait auparavant. Comme je l'avais esperé, les conseils de Café furent plus concrets. Tout d'abord, me dit il, si vous ne savez pas avec certitude si vous êtes meilleur que votre adversaire en judo, allez au sol dès que possible. D'autre part, jouer avec les règles. Un exemple de facon de jouer avec les règles est l'accumulation de "vantagems" (avantage). Un avantage, explique Café, c'est quelque chose que vous faites et qui force votre adversaire à réagir défensivement. Par exemple (en montrant sur Tadeau), un sweep qui ne renverse pas tout a fait votre adversaire, mais lui fait perdre l'équilibre, ou une tentative d'étranglement qui le pousse a interrompre une attaque pour s'en défaire. Tenter une technique alors que vous savez qu'elle n'aboutira pas, est un exemple de jouer avec les règles. Vous engrangez des points, faites impression sur les juges, excitez les fans, ce qui influe aussi sur les juges. Pour terminer il ajouta: "et entrainez vous durement".


Ricco

Ricco Rodriguez arriva quelques jours plus tard pour se préparer pour le Mundial. Malgré le fait que Ricco souffrait du décalage horaire, Aloisio le fait directement tourner avec toutes les ceintures bleues et violettes. Pour un gars qui pèse au alentours de 130 kilos, il est rapide et agile. Apres que Ricco aie finalisé toutes les bleues et violettes. Aloisio le met avec Café. Café slam Ricco sur le tatame, joue avec lui pendant un moment avant de le faire taper avec un "relogio choke". "Café est bon", dit Ricco et Riccco sait de quoi il parle, il a déja combattu contre beaucoup de tres bons combattants et lui meme n'est pas en reste. Il a été champion de l'absolute en 1998 au tournoi d' Abu Dhabi, et a battu Murilo Bustamante (champion du Mundial 1999) toujours à Abou Dhabi en 1999 . Mais pour le moment il ne semblait pas encore être prêt pour affronter Café qui ne pesait "que" 95 kilos et qui physiquement a coté de Ricco semblait etre en danger permanant d'etre emporté par une rafale de vent.

Ricco avait travaillé comme videur dans une boîte de nuit coréenne à New York, il parlait meme coréen (les deux expressions qu'il trouvait les plus utiles sur son lieu de travail étaient "arumdapsumnida" (jolie) et "anyong hashimnikka» (vous allez bien?). Ne voyant aucune perspective d'avenir dans le métier de videur et ayant été lutteur au lycée. Le fait de voir d'anciens lutteurs comme Mark Coleman et Mark Kerr s'enrichir lui avait donné des idées. Ricco vivait en Arizona pas tres loin de chez Mark Kerr. "Mark transportait du materiel de sonorisation avant l'UFC. Maintenant, il possède une grande maison ". Ricco n'était pas aussi bon lutteur que Coleman ou Kerr. Il ne possèdait pas autant de titres qu'eux. Mais il avait quelque chose qu'eux n'avaient pas, une ceinture violette en Machado jiu-jitsu. C'est a l'academie des frères Machado d' Hermosa Beach que Ricco avait rencontrer Aloisio, qui l'invita a venir s'entrainer au Dojo quand Ricco descendrait pour le Mundial.

C'était le deuxième voyage de Ricco au Brésil, il avait participé à la précédente édition du Mundial. Mais il m'expliqua que son premier périple Brésilien s'etait résumé à atterir, combattre et redécoller. En gros tout ce qu'il avait vu de Rio c'etait des academies de jiu jitsu et le Club de Tennis de Tijuca, où l'événement se tient depuis sa création en 1996. J'avais fait encore plus fort que lui. J'en étais a mon troisième voyage à Rio, j'avais passé en tout à peu près six mois sur place je n'avais toujours rien vu non plus. Pourtant il y a deux choses que tout le monde doit faire au moins une fois quand on vient a Rio, tout les cariocas vous le confirmeront . Première chose, vous devez voir la vue depuis le Pão de Açucar (Pain de sucre), et deuxième chose, vous devez voir la vue depuis le Corcovado. Ricco me proposa alors qu'on partage un taxi pour y aller un jour. C'était une bonne idée. Le probleme c'est que Ricco, passait tout ses apres midi à l'académie a faire la causette avec l'une ou l'autre des combattantes de l'acadmie.

Un jour Leka essayait de se concentrer. Ricco arrive et lui demande qui est le meilleur combattant Brésilien à l'heure actuelle: Est-ce Saulo Ribeiro, Fabio Gurgel ou Mario Sperry? Ou Ricardo Liborio? "Chato", lui réponds Leka. Les autres rigolent. Quoi ? Qui est ce "Chato"? Jamais entendu parler de lui. Tu le connais toi ? ", Me demande t il. "Je ne pense pas que ce soit une personne", lui dis je. Etant autant curieux que Ricco de savoir ce signifiait ce mot et ce que Leka entandait par la . Je pris petit mon dictionnaire de poche. A la definition du mot "chato" on pouvait lire "plat, ennuyeux, chiant".

"Ah ok, tu la joue comme ça" dit Ricco à Leka, en faisant semblant d'être insulté. "Quand le cours du soir commence-t-il " demande Ricco. Je lui dit que normalement il commence à 19h30, mais cela dépends de ce qu'on entends par "commencer". Il était de 18h00. Ricco voulait manger quelque chose de léger. Je l'accompagne, nous nous rendons dans un "suco bar" (bar a jus de fruits) tout proche et commandons deux grands jus d'açai. Ce qui pour une personne "normal" constitue un apport calorique suffisant. Mais avec ses 130 kilos, Ricco a besoin de plus de nourriture. Nous nous rendons donc dans un "Comida por Kilo" (type de restaurant ou l'on paye la nourriture au poids) proche de l'académie. Ricco rempli genereusement son assiette de viande de pommes de terre et de pâtes. L' employé pèse nos assiettes et nous les factures en conséquence. "Normalement je ne mange pas de viande", me dit Ricco en engloutissant son assiette.

Nous rentrons à l'académie pour le cours. Aloisio apprécie avoir Ricco (qui fait le double de son poids) comme partenaire pour démontrer les techniques . Il nous montre une version de Tomoe-nage. Ricco s'envole dans les airs, mais retombe légèrement. Il est d'une agilité impresionnante pour un gars sa taille. Un moment Aloisio montre un exercice qui consiste a faire une roulade arriere avec retablissement en poirier cumulé a dix flexions de bras dans cette position. Il demande à différentes personnes de le faire dont son fils João et Tadeau. Leka le fait aussi ( "Leka est aussi forte qu'un homme", chuchote quelqu'un) Plusieurs gars refusent. Ricco accepte le défi et réalise l'exerice avec aisance à la surprise générale et l'approbation de tous.

Aloisio nous montra ensuite une variation de genou sur le plexus. Dans cette variante, vous tenez le col de votre partenaire d'une main, et sa ceinture avec l'autre main. vous placez alors vos deux genoux sur sa poitrine tout en tirant. Apres le cours je suis allé demandé a Ricco comment il se sentait. "Comme un petit tas de briques", m'a t-il répondu.


L'homme qui fut proche de battre Rickson

"Vous savez qui est cet homme ?" demande quelqu'un, en montrant un homme à l'allure sympathique proche de la quarantaine, habillé en vetements de ville qui regarde le cours appuyé contre un mur. C'est le gars qui a presque battu Rickson. C'est Sergio Penha. Ricardo explique: Sergio menait 18 à 3 jusqu'à 9'40'', il restait 20 secondes lorsque Rickson, d'une façon, apparemment accidentelle a fait pression sur les côtes de Sergio blessant celui ci. Pas d'excuses: "Je pense que Rickson est un bon combattant", dit Sergio, avec la même intonation etirée sur le mot "bon" que Rickson utilise dans le mot "fort" quand il décrit de jeunes gars tellement fort que vous pourriez les battres sur un arbre. Ce qui signifie qu'ils n'ont pas un niveau technique élevé.

Sergio n'enseigne pas le jiu-jitsu. Il est pilote pour la VASP (Viação Aérea São Paulo) une compagnie aérienne. Il est connu pour être aussi bon pilote que combattant. Bien sur il s'entraine toujours, car il aime le jiu-jitsu. Mais pour lui le le boom du jiu-jitsu n'a pas que des cotés positifs, bien sur c'est une bonne chose pour les personnes qui enseignent, comme son ami Aloisio. Mais trop de jeunes mecs utilisant des anabolisants. Vous rencontrez des petits gars tout maigrichons et le mois suivant ils ressemblent à....euuuh comment dire......Vitor Belfort. C'est l'UFC qui est responsable de ca. S'il n'y avait pas des limites de poids, ils prendraient tout ce qu'ils pouraient pour devenir le plus énorme possible. Le pire c'est que les incidences sur la santé sont largement connues, mais ces jeunes gars pensent que rien de grave ne leur arrivera jusqu'au jour ou ca arrive. C'est pourquoi ils ont besoin de bons enseignants et de bons entraîneurs. Malheureusement, certains enseignants et entraîneurs ne pensent qu'a se faire de l'argent rapide. A mon époque dit Sergio, tout le monde admirait Rolls pour sa magnifique technique. Maintenant tout le monde veut être énorme donc forcement ca encourage l'utilisation d'anabolisants. Lorsque vous êtes très fort comme un ours, vous n'avez pas besoin d'une telle technique parfaite. la Technique passe à la trappe. Ce n'est pas ce que le jiu-jitsu est censé être.

Sergio vient récement de passer 15 jours à Tokyo. Le sejour ne lui a pas plu, mais la bourse etait bonne. Nobuhiko Takada, qui a également combattu Rickson (mais fut loin d'etre proche de la battre...) à offert a Sergio une grosse somme d'argent pour venir au japon entrainer son équipe, qui comprenait Yamamoto et Anjo (qui ont eu aussi perdu contre Rickson) et Sakuraba (qui n'a pas encore combattu Rickson mais devrait le faire bientot). Que voulaient ils apprendre ? Des méthodes secretes ou des stratégies spécifiques pour battre le jiu-jitsu? Non, me dit Sergio, les techniques de base.

Sakuraba est celui qui semble avoir prêté le plus d'attention au cours de Sergio. Certains disent que Sakuraba est le meilleur combattant Japonais. Danc ce cas pourquoi alors Rickson continue il de combattre Takada, alors que tout le monde dit que celui ci ne ferait meme pas le poids contre une ceinture bleue moyenne? Pour l'argent bien sûr! Pourquoi crois tu que quelqu'un combat professionnellement ? Sergio pilote, Rickson combat (mais ca sonne mieux en anglais : Sergio flies, Rickson fights)

Ricardo a la vidéo du fameux combat entre Sergio et Rickson. Il me promet de la prendre la prochaine fois. Rappel le moi si j'oublie, me dit il. Mais je ne me fait pas trop d'illusions. Ce qui exige une planification, de la préparation et de la coordination abouti rarement, en particulier à Rio, où aller à la plage est une tentation constante. "Le Brésil est le pays de l'avenir et le sera toujours", disent-ils, presque heureux avec cette facon typiquement méditerranéene de voir les choses qui met l'accent sur le présent plutôt que l'avenir, qui après tout est imprévisible. Ici le fait que les choses se fassent ou non semble voué au bon vouloir de dieu. "Se Deus quiser" (si dieu le veut), disent ils. Donc j'aurai la cassette demain, si c'est la volonté de Dieu. Le fait que jiu-jitsu aie grandi, si fort, si rapidement, tout en restant tres organisé témoignage de l'ambition de Rorion Gracie mais aussi du fait qu'il a historiquement toujours été aux mains d'une élite relativement cohésive. Si Carlos n'avait pas aimé avoir autant d'enfants, le jiu-jitsu serait probablement aujourd'hui constitué de centaines de petits groupes travaillant à contre-courant.

Sergio semblent ne pas aimé parler de lui-même. Ricardo me suggere de faire une interview de l'homme qui a presque battu Rickson, mais Sergio n'est pas emballé par l'idée: "Parlons plutot du Boeing 737" me dit il. Il ne veut pas être perçue comme comme quelqu'un qui tire profit de ce récent engouement pour le jiu-jitsu. Il me dit que le vidéo de son combat contre Rickson n'est pas très intéressante et mentionne juste qu'il fut le premier professeur de Mario Sperry et Luis Limão Herridia, qui est aujourd'hui l'un des assistants de Rickson. C'est à peu près tout ce qu'il a bien voulu me dire.

Peu importe l'opinion des gens sur la famille Gracie, car en quelque sorte ils font tous un peu partie. Soit ils ont eux meme appris d'un Gracie, soit leur professeur l'a fait. Sergio a obtenu sa ceinture noire des mains d' Oswaldo Alves, qui lui avait obtenu la sienne de Reyson Gracie.


Reyson

"Reyson sera là ce soir. Pourquoi ne fais tu pas une interview avec lui? " Me suggère Aloisio. Aloisio lit mon article sur son ami Sergio Malibu paru dans "Black Belt Magazine", il estime que quoi que j'ecrive sur ces pages. La réalité est differante. Ils ne sont meme pas capables d'orthographier "jiu-jitsu" correctement me dit il.

J'approuve, convaincu de toutes facons qu'avec le temps, mes textes seront certainement aussi publiés dans d'autres médias. (comme c'est le cas ici.)

Reyson est mince avec des cheveux blonds bouclés, il porte des lunettes et doit avoir la cinquantaine. Sa carte de visite indique qu'il est ceinture noire 8 grau (8ème dan) de Gracie jiu-jitsu et président de la "Federacão de Jiu-Jitsu da Bahia". Il ne parle pas tres bien anglais. Aloisio demande a Café de faire la traduction. Nous nous asseyons sur le tatame. Je pose une question. Reyson parle pendant dix minutes. Café tape alors deux fois sur mon genou avec son coude pour attirer mon attention avant de commencer son interprétation, et dit quelque chose comme, "Reyson dit que peut-être ".

Je pose alors des questions plus simples. Que pense t il du récent combat entre Royce et Wallid? "Une plaisanterie", dit Reyson. Royce n'a jamais gagné un titre dans la divison ceinture noire. Wallid n'a pas plus combattu contre les meilleurs combattants depuis des années. Ils ne seront jamais bons si ils restent aux États-Unis. Si ils reviennent s'entrainer au Brésil, ils peuvent devenir bons". Royce vs Kerr? Reyson me regarde étonné du fait que quelqu'un puisse envisager qu'une telle rencontre se produise: "ridiculo". Rorion? "Il ne pense qu'a lui-même, pas a la famille". Reyson me parle des débuts du jiu-jitsu. Je lui dis alors que la plupart des Américains connaisent déjà l'histoire. Il est surpris, ne se rendent pas compte a quel point Rorion a promulgué avec succes le mythe de la famille.

Gazzy une Américaine de Los Angeles s'approche, elle me propose de traduire. Elle est la meilleure "Feminino" ceinture bleue dans le sud de la Californie à ce jour, me dit-elle modestement. Elle est venue à Rio pour voir Leka. Elle a appris portugais en s'entrainant avec Joe Moreira. Ou plutot elle a du apprendre, car Joe refuse d'apprendre l'anglais. L'incapacité de Joe à apprendre l'anglais est légendaire à Rio. Gazzy demande a Reyson si il est d'accord pour poser avec elle sur une photo. Reyson me demande si j'en veux une aussi. Mais il est en vêtements de ville. Je dis non, j'en voudrais une "com quimonos" (en gi) , s'il envisage de revenir demain. Il dit qu'il se pourrait qu'il repasse. Mais il ne le fit pas.

Pourquoi Reyson prononce t il les prénoms Royce, Royler, Rickson, Rorion à l'américaine en prononcant le son de la premiere lettre comme un [r], plutôt qu'a la portugaise ou la premiere lettre se prononce comme un [h], alors qu'il parle portugais? Il pensait que ce serait plus facile pour moi de comprendre, m'explique-t-il. Je suis aussi surpris par le fait qu'il ne semble que moderement apprecier la facon dont Rorion a mis en place avec succes le Gracie Jiu-Jitsu aux Etats-unis et ailleurs. Le seul endroit que vous entendez Royce ou Rickson prononcé avec [r] de nos jours c'est au Brésil.

Il ya une pile d'anciens numeros de revues de jiu-jitsu dans les escaliers. Reyson prend un exemplaire de Tatame. Il y a un article sur l'homme qui a changé le jiu-jitsu, Rolls Gracie. L'une des dernières photos prises de Rolls est un portrait de famille qui date de l'année de sa mort 1982, tout le monde est si jeune sur cette photo. Royler doit avoir environ 10 ans. Reyson me demande si je suis capable de le reconnaitre sur la photo. Je le fait et je reussi aussi a reconnaitre tout les autres. Reyson est impressionné. C'est pourtant facile. Il n'y a qu'un seul visage que je n'ai pas reussi a identifier sur la phot. Reyson ne se souvient pas non plus qui c'est.


L'oeuf

Lango enseigne le kickboxing durant après-midi. Il est ceinture violette. C'est également un combattant de vale tudo. Il est impressionant avec son crane rasé, ses yeux enfoncés dans leur orbitre et d'énormes muscles partout, a l'exeption de ses jambes, qui sont aussi minces que des crayons. En dehors des tatame, il est aussi doux qu'un agneau. C'est aussi en quelque sorte un intellectuel. Il avait appris que les patries les plus resistantes d'un oeuf sont les extrémités. Si vous essayez de presser un oeuf entre vos mains, il ne se brise pas. Personne à l'académie ne crut Lango lorsqu'il expliqua cela un après-midi. João, Tadeau, Fabrine et Charles se succédèrent en vain pour essayer d'écraser l'oeuf. C'est a ce moment que Café arriva. Lango pensait qu'il serait amusant de regarder Café tenter d'écraser l'oeuf. Café n'avait pas l'air interessé. "Qui ne pourrait pas briser un oeuf?" Lango le persuade d'essayer. Café sourit, il saisi l'oeuf et commence à presser. Il ne se passe rien. Il reessaye, toujours rien. Il ote alors son sac de son épaule, le pose au sol, se frotte les mains pour les secher de facon a obtenir une prise ferme. L'oeuf explose, eclaboussant de son jaune la chemise de Café. Lango explose de rire. Café rigole aussi, sauf que mais maintenant il est bon pour retourner chez lui enfiler une chemise propre. Ce n'est pas pour rien si a chaque foi qu'on evoque le nom de Café, les avis sont unanime: Ce mec est tres fort...

Café ayant remporté sa categorie dans le Mundial. Aloisio l'avait promu ceinture noire. Son "meilleur ennemi" Rodrigo "Comprido" Medeiros, représentant de l'équipe Alliance, avait lui deja reçu sa ceinture noire plus tot. Ils allaient donc maintenant pouvoir de nouveau se rencontrer mais cette fois dans la categorie reine: la ceinture noire. Je demande a Café si il pense que Rodrigo Comprido serait un adversaire plus difficile aujourd'hui qu'auparavant. Il me dit avec un petit sourire en coin: "Je le batterai à nouveau et encore plus facilement la prochaine fois". Lorsque j'ai plus tard posé la meme question a Comprido, il m'a donné la même réponse.

J'avais vu comment Café avait jouer avec Ricco Rodriguez, et j'avais aussi vu Ricco finaliser Cleiber Maia, une ceinture noire, encore plus costaud que lui, qui est également un bon lutteur (champion national brésilien). Ma stratégie était donc de ne rien faire qui puisse le rendre fou. Etant donné que je tournais avec un mec qui etait capable de m'envoyer a hôpital sans le vouloir, j'allais travailler léger comme une plume, en espérant qu'il utiliserait sa technique plutôt que sa puissance. Heureusement pour moi, c'est ce que Café fit. À un moment donné, il se mit en position de la tortue. Je soupçonne un piège... Je pose mon genou sur ses jambes de façon à l'empecher de se déplacer. Et là, je me rappel que Mario Sperry m'avait mis en garde de surtout ne jamais faire ca, en m'expliquant que si votre adversaire est bon, il va en passant entre ses propres jambes récupérer votre genou avec les deux mains, rouler et verouiller votre jambe. Lorsque Café, qui est bon, agrippa mon genou et a commenca a rouler, je tapai aussitot. Je connaissais la finalité de la technique, je n'en connaissais pas la sortie et ne voulais pas risquer une fracture du genou. Café sourit. Son plan avait marché. Aussi maigres que fusses mes compétences, il avait pu tirer un certain bénéfice de cette lutte avec moi. Ce jour là j'appris une chose. C'est qu' il est tout à fait possible de s'ameliorer en tournant avec un gars beaucoup plus faible que sois, a condition de ne faire que des choses que vous ne reussissez pas d'habitude. Je demande alors a Café comment sortir de la clef de genou. Mario Sperry ne m'avait pas enseigné la défense. C'est simple. Tu mets ton pieds en crochet derrière ton autre autre genou, de cette facon ton adversaire ne sait pas s'étendre. Bien sur comme la plupart des autres défenses, il faut le faire avant qu'il ne soit trop tard. Cela demande que tu anticipes la roulade de ton adversaire. Si tu le fais trop tôt avant la roulade, il va abandonner la tentative et passer directement à une autre technique. Avec tes jambes en triangles, tu ne sera alors pas en mesure de se déplacer rapidement et te retrouvera dans une mauvaise position. le bon timming est la clé.


Internacional de Masters e Seniors

La premier "Internacional de Masters e Seniors" allait avoir lieu. Aloisio allait y participer, il souhaitait que tout ceux qui remplissaient les conditions d' admission à la competition y participent et représentent le Dojo dans le tournoi. Ricardo une ceinture violette serait de la partie. Il avait remporté une médaille d'or lors du dernier Pan-Americana (en ceinture violette categorie poids lourds) ainsi que d'autres médailles auparavant. Jérémiah participerait en catégorie poids plume en ceinture noire. Le grand Mark d'Amsterdam et moi-meme plus quelques autres étions assez vieux pour participer aussi. Le "titulo" (titre) est très important, nous dit Aloisio. Nous n'étions pas sur de bien comrendre pour qui ? Pour Aloisio, oui bien sûr, c'est important. Car c'est un champion et en tant que propriétaire d'une académie, le fait de produire des champions est autant si pas plus important que le fait de l'etre soit meme. Mais qu'est-ce que Mark et moi-même avions à gagner d'autres que de l'expérience? Je pensais néanmoins que mes chances étaient bonnes, du moins, c'est ce que tout le monde me disait. Surtout que les ceintures bleues de mon âge ont tendance à avoir un emploi qui souvant ne leur permet de s'entrainer suffisamment. Je ne travaillais pas et m'entrainais constamment. je pratiquais le jiu-jitsu depuis environ trois ans à ce moment-là. Mark, bien qu'il porte également une ceinture bleue, ne s'entrainait que depuis quatre mois. Mark se posait des questions au sujet de sa ceinture. Bien qu'étant tres costaud cet ancien combattant de Muay Thaï qui s'etait entrainé avec Rob Kaman et Ramon Dekker, se faisait encore finaliser par des ceintures blanches. "Mark ne s'entraine pas assez", dit Aloisio. "Je lui avait dit que si il s'entrainait trois fois par semaine au lieu de deux, je lui donnerai une ceinture bleue", poursuivit il. "C'est pourquoi je ne m'entraine pas trois jours par semaine", dit Mark.


Visitors

Il y beaucoup d' Américains et autres étrangers à Rio pendant la semaine du Mundial, certains ont trouvés le Dojo, un peu par hasard, mais la plupart d'entre eux viennent pour Leka. Toute une équipe de Philadelphie aux États-Unis est venue dans le but de la rencontrer. Un membre de cette équipe a obtenu la deuxième place en ceinture bleue catégorie "pesado". Mais son frère qui etait ceinture violette etait bien meilleur que lui. Un mot a propos de ca. Une jeune fille ceinture bleue de leur équipe (celle qui voulait le plus rencontrer Leka). Pour je ne sais quelles raisons n'a pas arreter de se plaindre en evoquant la raison politique, pour le fait que le jeune homme de leur groupe n'avait pas reçu une ceinture violette malgré le fait qu'il aie gagné deux tournois en bleu. J'ai tourner avec lui et je ne pense pas que la "politique" en soit la raison majeure. Me voyant tourner Big Pat, le plus agé de leur groupe, m'a dit que j'etais meilleur que ce qu'il pensait. Je n'ai malheureusement pas eu la chance de lui retourner le compliment (ce que j'aurai fait si je l'avais trouver bon) car il n'a jamais mit son kimono. En fait, je n'ai pas d'idées préconçues sur la valeur de quelqu'un. Parce que vous ne pouvez dire de quelqu'un qu'il joue bien ou mal de la guitare qu'a partir du moment ou il commence à jouer. En Jiu-jitsu ca fonctionne aussi en quelque sorte comme ça.

Big Pat avait par contre d' intéressantes histoires à raconter. l'une d'elles est que son professeur avait initialement été affilié à Rorion, mais finalement il trouvait le prix trop élevé par rapport à ce qu'il recevait, ce qui généralement se résume a la permission d'utiliser le nom et logo Gracie Jiu-Jitsu. Il changea donc pour Relson qui lui, proposait une affiliation gratuite. Relson n'a apparemment pas le meme sens des affaires que son jeune frère Rorion. Il ne deviendra jamais riche en propsant des affiliation gratuite a tous. Mais bon, il faut croire que la vie est bon marché a Hawaii.

Un pratiquant de kung fu de New York passa également à l'académie, curieux de voir ce qu'était le jiu-jitsu. Aloisio lui proposa alors de prendre un cours privé avec son fils João, pendant le cours un moment João se mit en monte sur l'homme et l'invita a essayer de sortir de la position de n'importe quelle maniere. Bien sûr, il ne reussi pas. Alors qu'il s'en allait, je lui demande ce qu'il pensait du jiu-jitsu brésilien. "Intéressant", dit il , "but kung fu is better for real fighting." ("mais le kung fu est mieux pour le combat réel.")


Le Boom du jiu-jitsu

Le boom a crée une demande pour le jiu-jitsu. Il a également crée une vaste offre d' enseignants qualifiés, mais qui, à en juger par mes observations n'exède pas la demande (ce que je dis là peut sembler surprenant, étant donné qu'il existe des académies partout). Toutefois, le marché semble etre plus ou moins saturé. Il y a une réelle concurrence entre les académies pour attirer les nouveaux élèves et garder les anciens: qu'une ceintures blanche change d'academie pas de probleme, mais une fois que l'étudiant a obtenu un grade, il est considéré comme un "creonte" (traître) si il change d'école. C'est peut etre une des raisons qui explique cette promotion relativement rapide a la ceinture bleue. Le concept de creonte est la création de Carlson (Creonte était en fait le nom d'un personnage qui etait un traître dans un soap opera). Pour les Brésiliens la fidélité est une valeur importante, mais les lois du marché sont ce qu'elles sont.

Les Académies n'essayent pas de se concurrencer sur les prix des cours qui est à peu près le même partout, environ 80-100 reais par mois (soit l'équivalent de 40-50 $ US par mois pour un nombre illimité d'entrainement). Les installations sont les mêmes, une piece avec un tatame. Le produit est le même, le Gracie jiu-jitsu. Le lieu varie, mais pas beaucoup. Pratiquement tous les académie sont dans la Zone Sud, qui n'est pas tres grande, à Copacabana et Ipanema, les académies sont parfois situées à seulement quelques pas les unes des autres.

Les académies se font surtout de la concurrence sur la personnalité de leur "Mestre" et les records de victoire de leurs élèves. Le meilleur exemple est l' Académie Carlson Gracie. Les gars qui aiment le jiu-jitsu a la sauce "casca grossa" (hargneux) vont chez Carlson ou ce style a été affiné à la perfection, même si son fondateur n'est plus la bas et ne vit meme plus au Brésil.

Aloisio n'a pas facile face à des noms comme Gracie Humaita, Gracie Barra, et Alliance qui sont des associations d'une vingtaine d'écoles chacune et qui sont en place depuis longtemps. Ces associations envoient beaucoup d'étudiants lors des tournois. Chacun d'entre eux en gagnant engrange des points pour leur association, et toutes les branches se partagent la gloire. Mais Dojo Jiu-Jitsu est indépendant (Aloisio prefere cette facon de faire). Il a environ 60 étudiants, dont des femmes et des enfants. Donc les possibilitées de marquer beaucoup de points en compétition par équipes son minces. Malgré tout le fait de posseder l'un ou l'autre champions est une bonne chose et le Dojo en a plusieurs, dont deux qui se démarquent vraiment. Le premier est Café, a qui tout le monde prévoit un bel l'avenir, car c'est un gars qui gagne toujours de facon impressionnante. L'autre est Leka. Leka fascine non seulement les jeunes femmes mais aussi les hommes, les familles et les étrangers.

Aloisio voulait donc que Big Mark et moi combattions pour Dojo. C'était ok pour moi. Je m'entrainais là bas, il me semblait donc approprié de représenter l'académie et si ma victoire pouvait offrir quelques points precieux à Dojo, dans le decompte finale, cela me faisait plaisir. Aloisio m' inscrit donc pour le tournoi apres avec consulté le nom des inscrits de facon a m'enregistrer dans la catégorie ou il estimait que j'aurai le plus de chance de victoire. Il pensait que j'aurai plus de chances si je participais dans la catégorie de poids supérieur à la mienne. Comme ce n'est pas mon genre de chercher a affronter les adversaires les plus faciles, et que mon but est surtout d'emmagasiner de l'expérience plutôt que devenir celebre. Je lui dit ok. Après tout, ca ne representait pas grand grand chose pour moi de devenir "campeão" du monde (en ceinture bleu categorie "medio" division senior) si j'avais encore du mal avec des ceintures blanches de retour chez moi au Gracie Japan.

Mark n'etait plus trop chaud pour participer a la compétiton malgré les encouragements d'Aloisio. Comme Mark ne se presentait plus à l'academie depuis plusieurs jours, j'allai aux nouvelles "Mark est allé à Bahia", me dit son épouse Brésilienne. J'avais comme le sentiment qu'il ne serait pas de retour à temps pour la competition.

Le jour J arriva j'étais prêt. le probleme c'est qu'il s'avéra que la manifestation se tenait loin. Que la plupart des gars dans l'académie ne savaient meme pas comment s'y rendre, et que les rares qui savaient me disait qu'il était impossible de s'y rendre d'ici. Aloisio qui lui combattait un autre jour me dit, "vas y avec Ricardo" mais Ricardo ne pouvait pas y aller, il etait "com gripe" (un coup de froid). Donc au final, j'aurai dû trouver le moyen d'y aller par moi-même sans me faire escroquer par la ruse des chauffeurs de taxi et puis ensuite combattre et gagner. J'ai alors décidé que tout compte fait je n'avais pas tant besoin d'un titre que ca. A partir du moment ou j'avais payé mon inscription à la compétition, je suppose que j'ai donc perdu par forfait. Je ne sais pas. Si tel est le cas, il s'agissait là de ma première défaite dans un tournoi de le jiu-jitsu....

Si ca se trouve je réessayerai de nouveau l'année prochaine. Se Deus quiser
rody
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Le jiu jitsu à Rio de 1997 à 2007...un peu d'histoire... Empty Re: Le jiu jitsu à Rio de 1997 à 2007...un peu d'histoire...

Message  rody Mar 27 Avr - 12:57

6. CORPO QUATRO
22.06.08 - 19h20 par Fightway

Entrainement avec Sylvio Behring et Alvaro Barreto a Copacabana / La veritable histoire et la philosophie du jiu jitsu Bresilien



Je prends un ascenseur qui me conduit au sommet de l'immeuble situé au 88 de la Rua Francisco Sá pour me rendre au centre de remise en forme "Corpo Quarto". Comme la plupart des centres de remise en forme, il abrite une académie de jiu-jitsu. Celle-ci, selon le magazine Warrior, est tenue par Fernando Pinduka un célèbre étudiant de Carlson Gracie. La réceptionniste me dirige vers une salle à l'arrière. Des ceintures Blanches, bleues et violettes sont entrain de tourner. Je ne vois pas Pinduka. Un jeune homme, au physique agréable et portant une ceinture noire vient vers moi. "Pinduka n'enseigne plus ici" me dit il "C'est moi maintenant" C'était Sylvio Behring.

Je connaissais la famille Behring, Marcello le frère aîné de Sylvio avait été le meilleur étudiant de Rickson et un très bon combattant de vale tudo avant d'être tragiquement assassiné par un dealer de drogue. Flavio leur père était l'homme qui avait établi le jiu-jitsu à São Paulo.

Sylvio me présente au propriétaire de l'Académie Alvaro Barreto, une ceinture 8 grau (degré) dont le frère aîné João Alberto avait été un associé de Carlos et Helio Gracie.

Sylvio et Alvaro m'invitent tout deux à m'entrainer.

J'enfile mon kimono et Sylvio me dit: "Echauffe toi à ton aise et fais moi signe quand tu seras pret, tu t'entraines depuis assez longtemps pour savoir ce que tu dois faire", Alvaro acquiesce. Cela me plait, car trop d'enseignants confondent échauffement avec cours d'aérobic. Ce sont deux choses bien distinctes et le but recherché n'est pas le meme. Passer plus de temps sur l'échauffement que le temps nécaissaire pour est chaud (à Rio ca va tres vite), est un gaspillage de temps d'entrainement. La plupart des gars plus avancés ne font pas un échauffement a part. Ils s'échauffent en tournant a un rythme plus lent et moins intense.

J'aime m'échauffer en effectuant des sous-mouvements qui sont nécessaires dans une gamme de techniques, comme ponter ou "fugir de quadril" (sortir la hanche) par exemples. Alvaro me regarde et me temoigne son approbation d'un petit signe de tête. Sylvio me dit alors qu'Alvaro voudrait voir quel est mon niveau, il me demande de tourner avec une ceinture bleue qui est plus petit que moi, mais qui vient de gagner un tournoi la semaine précédente à São Paulo. "Tourne cinq minutes avec lui", me dit il. Je remarque pendant cette lutte que mes renversements a partir de la garde fermée qui normalement fonctionnent tres bien sont inneficasses. Cinq autres minutes, suggère Sylvio. Je survis mais je me fatigue beaucoup plus rapidement que mon adversaire. "Un round de plus" me dit Sylvio. "Je veux voir comment tu combats lorsque tu es fatigué". "Tu es deja entrain de le voir", pensais je. Cinq minutes de plus, même résultat. Alvaro me demanda alors si il y a une chose en particulier que j'ai envie qu'il m'enseigne. L'expérience que je viens de vivre m'a donné envie mais surtout m'a fait comprendre que j'ai besoin d'apprendre une plus grande variété de techniques a partir de la garde ouverte.

Sylvio approuve. "C'est bien, Tu as besoin de connaitre les renversements depuis la garde ouverte pour combattre au niveau ceinture bleue. Les renversements à partir de la garde fermée ne fonctionnent pas sur une personne qui a une bonne posture". Ce qui est sensé etre le cas d'une ceinture bleue. Alvaro me montre alors quatorze renversements à partir de la garde ouverte, des variations, des enchainements et des drills pour les travailler. Je dit à Sylvio que j'avais le sentiment d'avoir fait un grand pas en avant. "Oui", me dit-il, "Maintenant tu connais les techniques c'est bien, mais il va te falloir 12 mois de travail avant de pouvoir les utilisés efficassements". J'essaye de mettre en pratique certaines d'entre elles directement sur des gars. Ils passent tous tres facilement ma garde. Je pense que Sylvio a raison. Je dois les pratiquer. Je remarque aussi du fait de me faire si souvant passer la garde et ensuite controler en croix par mes adversaires, que j'ai des difficultées a sortir de cette position. Donc je vais aussi devoir travailler la dessus.

Après le cours, Alvaro m' invite dans son bureau. "Si tu as besoin de quoi que ce soit, il suffit de demander", me dit il. En fait, il y avait une chose que je voulais savoir. Je voulais qu'il me raconte le développement du jiu-jitsu à Rio depuis le système d'auto-défense que Carlos avait appris jusqu'au sport qu'il était devenu aujourd'hui. J'avais le sentiment que le jiu-jitsu avant et après le premier UFC en 1993 etait très différent.

L'histoire commence avec James Gracie, qui émmigra d'Écosse en 1870 et vint s'établir au Brésil ou il fonda une banque à Rio pour faire des affaires avec des sociétés de négoce Britannique. Son fils Gastão rejoint le corps diplomatique Brésilien (Le Ministère des Affaires étrangères) et déménagea dans la région du Nordeste à Belem. Là, il rencontra Mitsuo Maeda, alias Conde Koma, qui était venu en 1917 en qualité de représentant du gouvernement japonais pour veiller aux intérêts des immigrants Japonais. Maeda qui était un 6ème dan en jiu-jitsu et judo enseigna à Carlos l'ainé des cinq fils de Gastão les bases de jiu-jitsu. Carlos, à son tour, apres le départ de Maeda, enseigna au plus jeune et les plus faible de ses frères. Helio.

Cette partie de l'histoire est connue de tous. Que s'est-il passé ensuite?

En 1940, Helio créa une académie au n° 82/901 Praia do Flamengo dans la zone du sud de Rio de Janeiro. Ensuite en 1948, Carlos et Helio ouvrirent une grande école au 17eme étage du 151 av. Rio Branco dans le quartier des affaires. Copacabana et Ipanema n'étaient que des portions de plage à ce moment-là. João Alberto le frère aîné d' Alvaro était l'un des instructeurs avec Helio et les freres Robson et Carlson ( plus deux autres qui n'etaient pas des Gracie: Helio Vigio et Armando Wried). À cette époque, il n'existait pas de "ceinture noire Gracie". Selon "A História do Jiu Jitsu através dos tempos", les étudiants portaient des ceintures blanches, les instructeurs portaient des ceintures de couleur bleu foncé, et les maitres portaient des ceintures bleu clair ( "o aluno era faixa branca, o instrutor era faixa azul escuro e o mestre azul clara" ). En outre, il n'y avait pas de degrés (dan en japonais, grau en portugais) pour chaque niveau de ceinture, ceci afin de distinguer le jiu-jitsu du judo ( "para não se confundir com o judô, não haviam graduacões de faixa" ).

Alvaro estime à 2000 le nombre de personnes qui ont appris le jiu-jitsu au cours des vingt ans, durant lesquels l'école resta ouverte. Parmi ces étudiants on peut citer le futur gouverneur de Rio, Carlos Lacerda et le futur président João Figueiredo. A cette époque si vous vouliez apprendre le jiu-jitsu, plusieurs options s'offraient a vous. En plus de l'Académie située au centre-ville, dans le quartier des affaires. Deux des étudiants d'Helio, Haroldo Britto et Pedro Hemetrio avaient ouvert leurs propres écoles, le premier à Ipanema, le second en dehors de Rio à Ceara. Un ancien élève de George Gracie, qui s'appelait Fada, avait également ouvert une école dans la banlieue de Rio.

L'académie ferma en 1968. C'est à peu près au même moment que la famille se divisa en clans. Le clan Carlson et le clan Helio (il y a aussi des clans au sein des clans). Helio ouvrit alors une petite école Rua Humaita à Botafogo (où Royler et Rolker enseignent toujours). Carlson ouvrit la sienne Rua Figueiredo Magalhães à Copacabana, Rolls enseigna également a cette adresse jusqu'à son accident en 1982. D'autres académies furent crées à ce moment-là, certaines avec l'approbation des Gracie, d'autres sans.

En 1967, Alvaro, Helio, João Alberto et Helcio Leal Binda créerent la première fédération de jiu-jitsu au Brésil, la "Federacão de Jiu-jitsu do Rio de Janeiro, Estado da Guanabara". (Le nom fut changé en 1977 pour devenir la " Federacão do Jiu-Jitsu do Estado do Rio de Janeiro" ). Ils créerent alors le systeme de progression avec des ceintures de couleurs. Blanche, bleue, violette, marron et noire pour les adultes, plus une séquence intermédiaire de jaune, orange et verte entre la blanche et la bleue pour les enfants âgés de moins de 16 ans. C'est à cette époque qu'ils se sont accordés leurs ceintures noires et les Grau (dan) et ont fixés des règles en vue de compétitions. Ceci dans le but de rendre le jiu-jitsu "um esporte e não uma arte de briga" (un sport et non un art de bagarre).

En 1988 Robson créa une nouvelle fédération. Son frère Carlos Jr. s'estimant mit de coté créa son propre organisme, qui englobait le tout la "Confederacão Brasileira" en 1993. Cette époque coïncide avec le premièr UFC organisé par Rorion qui créa le boom aux États-Unis et au Brésil. La Confédération parraina immédiatement deux tournois, le "Campeonato Brasileiro" (Championnat du Brésil) et les "Campeonatos Brasileiros de Equipes" (Championnats du Brésil par équipes) en 1994, qui depuis sont devenus des événements annuels. Pour établir des liens avec les académies des nombreux Brésiliens expatriés, le "Pan-Americano" fut organisé pour la première fois en 1995. Avec la perspective des Jeux Olympiques de 2004, dans l'optique tres optimiste que la ville de Rio puisse être sélectionnée pour les accueillir, le "Campeonato Mundial de Jiu-Jitsu" (Championnat mondial de jiu-jitsu) fut crée en 1996.

Le Mondial fut précisément crée dans le but d'attirer les combattants étrangers, et de proposer le jiu-jitsu en sport olympique potentiel (visando a inclusão do jiu-jitsu como esporte olimpico o mais breve possivel). En 1999, des combattants des États-Unis, France, Japon, Finlande, l'Allemagne et plusieurs autres pays participerent.

Les combats mettant aux prises des représentants du jiu-jitsu face à des combattants d'autres styles existent depuis le début. C'était généralement des combats qui avaient lieu suite a des défis. Ils rapportaient un peu d'argent, suscitaient un certain intérêt, mais ne stimulaient pas une forte demande pour les cours de jiu-jitsu. Du moins jusqu'en 1991, lorsqu'un vale tudo fut organisé entre les combattants du jiu-jitsu et ceux de la luta livre (Wallid Ismail vs. Eugenio Tadeu, Murilo Bustamante vs. Mercelo Mendes et Fabio Gurgel vs.Denilson Maia que vous pouvez les voir dans Gracie in action 2.) Une quatrième combat entre Marcello Behring et Hugo Duarte, était prévu, mais n'eut pas lieu. Les combattants du jiu-jitsu remporterent la victoire et les inscriptions à leurs académies triplèrent. Le boom au Brésil date de cette époque. Une des raisons pour lesquelles la luta livre n'a pas bénéficié de ce boom est que tous les combattants de la luta livre avaient perdu. L'histoire aurait pu être très différentes si l'un ou l'autre d'entre eux avaient gagnés.

J'étais tres intéressé par ce que Sylvio et Alvaro me racontaient. Ils semblaient tout savoir et connaître tout le monde, c'etait impressionant. Malgré tout, ils étaient assez vagues à propos des dates précises. Mais c'est compréhensible. Personne dans le jiu-jitsu n'aurait pu prévoir que vingt, trente ou quarante ans plus tard, leur art serait devenu un sujet prisé par des journalistes étrangers et des écrivains et qu'ils seraient interrogés sur les détails de ce qu'ils avaient fait tel jour de tel mois au cours de telle année. Malgré tout ils ont essayés.

Alvaro me remit une monographie appelé "Historia do Jiu-jitsu atraves dos Tempos", écrite par trois de ses élèves de l'Escola de Educacão Fisica e Desportos de l' Universidade Federal do Rio de Janeiro, où il etait professeur. J'ai utilisé cette monographie pour combler certaines lacunes de l'histoire. J'y ai entre autre aussi appris, que le combat entre Rickson et Hugo Duarte sur la cassette "Gracie in action" était en fait un re-match. Leur premier combat c'etait terminé par un match nul parce que Hugo avait saisi Rickson par sa "rabo de cavalo" (queue de cheval) et ne voulait pas lâcher. Depuis ce jour, Rickson ne porta plus jamais de rabo de cavalo.

Sylvio est celui avec qui j'ai le plus discuté, car il etait plus souvant là, il parlait anglais et il aimait parler. Il pouvait fournir toutes les idées, conseils et expliquations que vous vous attendez de recevoir de la part de quelqu'un qui pratique son art depuis l'age de quatre ans. En fait, M. Alvaro avait été son premier professeur. (Parfois, Ian le fils de Sylvio qui avait 11 ans s'entrainait avec nous. Il voulait devenir professeur de jiu-jitsu, quand il serait grand).

L' "Internacional de Masters e Seniors" allait avoir lieu dans une semaine ou deux. Je prevoyais d'y participer. Je savais que Café et Leka, qui representaient l'équipe Dojo jiu-jitsu, ne prennaient qu'un jour de repos avant le Mundial. Je pensais que plusieurs jours seraient mieux, non seulement pour se reposer mais aussi pour éviter de se blesser sans avoir le temps de récupérer. Le genre de petites blessures qui se produisent tout le temps et ne sont pas tres graves en temps normal, mais qui dans un tournoi à élimination, qui plus est, le plus grand de l'année, pourrait faire la différence entre la première et la deuxième place, ce qui est une énorme différence.

Sylvio ne pensait pas que se reposer était nécessaire. "Un jour de tournoi est juste un jour d'entrainement comme un autre". Chacun a ses propres raisons qui le pousse a s'entrainer ou a participer a des competitions. Si vous aimez la compétition, participez. Si vous n'aimez pas ca, ne le faite pas. Certains gars qui ne font pas de competitions sont meilleurs que certains gars qui en font. Flavio Conte fait des compétitions de judo, mais pas de jiu-jitsu et Sylvio pense qu'il pourrait facilement en gagner si il en faisait. (Quelques semaines apres le Mundial, Flavio tourna avec Vitor Shaolin, qui venait remporté une médaille d'or, et le finalisa à six reprises).

La competiton a du bon. elle vous montre comment vous vous comportez quand vous etes sous pression. Mais il y a un aspect négatif, car le jiu-jitsu original qui a été crée pour l'auto-défense, tend à être négligé dans de nombreuses académies en faveur des techniques de competitions. En outre, la pression que vous ressentez pendant l' attente avant le début des combats dans un tournoi n'est pas la même pression que celle qu'on ressant au milieu d'une bagarre de rue. Aujourd'hui un grand nombre de ceintures noires ne connaissent meme pas les techniques traditionnelles d'auto-défense et ne pourraient meme pas les enseigner correctement même si ils essayaient, dit Sylvio. Quel est l'interet de devenir un champion si vous n'etes meme pas en mesure de savoir reellement vous défendre? L'art des projections à aussi tendence à être oublié, poursuit il. Les seuls gars qui sont capables de faire de bonnes projections sont ceux qui ont étudiés le judo. Sylvio avait étudié le judo avec George Mehdi dont l'ecole se trouve a quelques pâtés de maisons d'ici à Ipanema "Nous pratiquons d'ailleurs beaucoup les projections içi". Quand ils étaient jeunes, un jour Sylvio dit à Rickson, "Tu devrais apprendre le judo". Rickson lui repondit, "Tu ne comprends pas, je suis Rickson Gracie. Je ne peux pas aller dans une école de judo et me faire projetter par des ceintures blanches". Mais quelques années plus tard, Rickson alla apprendre le judo. Marcello le frère de Sylvio et meileur eleve de Rickson y alla aussi, bientot suivit par un grand nombre de personne.

Mario Sperry par exemple a étudié le judo avec Mehdi pendant sept ans, avant de découvrire le jiu-jitsu. "C'est pour ca qu'il a de bonnes projections", déclare Sylvio.

Mario Sperry est également un bon exemple du genre de "tough guy" (dur a cuire) dont Carlson était toujours à la cherche pour les former à devenir des champions et représenter son type de jiu-jitsu (Carlson a dit dans une interview que le Gracie Jiu-jitsu et le Carlson Jiu-jitsu étaient deux styles complètement différents). Sylvio a des doutes à propos de ce type de jiu-jitsu. "Je suis curieux de voir ce qu'il pourra encore faire quand il aura 55 ans", dit il se référant a un combattant (excellent par ailleurs) utilisant un style "tough" similaire. Alexandre Café.

Un autre combattant "tough" dont le nom revenait souvant était Vitor Belfort. L'avis de Sylvio etait le meme que celui que beaucoup de gens semblaient partager. C'est un clown, dit Sylvio. "Mais nous sommes fans", ajouta t il rapidement. Le mot portugais pour clown est "palhaço", mais sylvio avait utiliser le mot "clown" en anglais. Il n'était donc pas clair de definir dans quel contexte et dans quelle mesure Vitor etait un "clown". Le fait que Sylvio et d'autres personnes décrivent Vitor comme un clown aurait pu se référer à sa vie personnelle, ou ses méthodes d'entrainement (comme pavaner avec sa petite amie pendant les deux semaines qui précedaient son désastreux combat contre Randy Couture).

L'essentiel me dit Sylvio, est d'être détendu et d'apprécier votre entrainement. Vous n'allez pas tenir assez longtemps pour obtenir de bons resultats si l'entrainement est une épreuve. N'envisager pas le fait de taper comme une defaite, mais voyez ca comme la possibilité d'apprendre de nouvelles choses. Vous pouvez taper autant de fois que le vous voulez et pour differantes raisons, ca ne signifie pas forcement que vous avez perdu ou que l'autre type est meilleurs que vous. Si vous n'aimez pas la position dans laquelle vous êtes et que vous voulez travailler une autre par exemple, taper et recommencer. Ne vous inquiétez pas si les autres gars pensent qu'il vous ont finaliser. Ce n'est pas le Mundial a chaque fois que vous tourner.

Une autre chose importante, me dit Sylvio, est de choisir intelligemment avec qui vous tourner. Vous n'êtes pas obliger de tourner avec tout le monde à chaque fois. Ne considérer pas ca non plus comme un défi parce que de toutes facons vous ne pouvez ni perdre ni gagner. Vous pouvez penser ca, mais si vous le faites, vous vous trompez. Tourner pour apprendre et s'ameliorer et combattre pour remporter des médailles et des trophées sont deux choses complètement différentes. Si vous tombez sur un gars qui ne fait rien a part éviter de se faire renverser ou finaliser, qui ne cherche meme pas à passer votre garde ou vous mettre en danger ou quoi que ce soit, comme le font souvant les énormes bodybuilders ou les lutteurs quand ils debutent. Si vous estimer que vous ne retirerez rien du fait d'avoir tourner avec lui. Vous n'avez pas besoin de tourner avec lui. Bien que d'un autre coté le fait de tourner avec un grand nombre de types avec des style differant est aussi bénéfique pour vous a long terme.

Dans le meme ordre d'idée quand vous tourner avec un gars plus faible, vous devez reussir a travailler de maniere a vous améliorer et emagasiner de l'expérience. Si vous utilisez juste votre force ou techniques supérieure, qu'accomplissez-vous ? Rien... Il vaut mieux s'asseoir et regarder. Il ya longtemps, Pedro Carvalho est venu s'entrainer à l'Academie. Il était déjà ceinture bleue de chez Carlson et un bon combattant. Mais il ne s'entrainait pas intelligement. Il s'amusait a tordre des petit gars, il finit meme par blesser certains d'entre eux. Sylvio lui dit, "Mec, nous n'avons pas besoin de toi ici, trouves toi un autre endroit pour t'entrainer". Pedro saisit le message et commença à s'entraîner de façon plus intelligente.

Je ne sais pas ce que Sylvio connait a propos du Jeet Kune Do. Mais dans un sens, le jiu-jitsu est du Jeet Kune Do dans sa forme la plus pure. Durant les deux dernieres semaines j'avais appris quatre ou cinq versions d'un renversement que tout le monde semblait aimer faire ces derniers temps. Les variations etaient au niveau du grip et chaque personne qui l'enseignait, recommandait un grip différant. Je demande alors à Sylvio quel est le "bon" ou "meilleur" grip. Sa réponse exprima l'essence du Jeet Kune Do: "Vous devez trouver ce qui fonctionne pour vous". "Trouver" implique explorer. "fonctionne", des essais fondés sur le critère de l'efficacité. L'expression "pour vous" exprime l'individualité que chacun apporte à tout art. Le sujet pronom "vous" indique que le tout incombe en premier chef a l'élève, plutôt qu'a l'enseignant. Sans en avoir forcement l'intention, Sylvio avait résumé la philosophie de Bruce Lee en huit mots.

Comme le Dojo Jiu-jitsu d'Aloisio, Corpo Quatro est petit et indépendant. Il doit y avoir seulement environ 35 personnes qui s'entrainent là bas. "Nous aimons que ce soit comme ça", dit Sylvio. Alvaro et Sylvio ont passés la majeure partie de leur vie dans le jiu-jitsu. L'essor actuel est juste un pixel sur l'écran et n'est pas une raison valable pour modifier un programme qui a déjà passé avec succès les épreuves du temps et de nombreux vale tudo. Il est plus probable qu'improbable, que lorsque l'engouement se sera estompé ce qui restera sera le jiu-jitsu qu'ils avaient appris et enseignés deja des années avant le début du Boom.

Si les fondamentaux ne changeront jamais, dans les détails le jiu-jitsu est en constante évolution, guidé par la quête de médailles dans les tournois et les gains dans les compétitions internationales (en particulier au Japon et Abou Dhabi). Lorsque j'ai demandé à Sylvio s'il était possible d'exécuter un mouvement particulier à partir d'une position particulière, il me dit, "si vous m'aviez demandé ca il ya quelques années, j'aurais dit que c'était impossible, mais maintenant les gars font des choses impossible choses tout le temps" . En disant ca, il doit faire allusion a des gars comme Roleta et Leo Vieira, bien que maintenant suivant leur exemple, on voit même des ceintures bleues faire des mouvements spectaculaires et acrobatiques. C'est une excellente chose pour le développement du jiu-jitsu d'un point de vue sportif et pour les spectateurs. Que ce soit bon pour le jiu-jitsu comme une forme d'auto-défense c'est autre chose.

À Corpo Quatro l'accent était mis sur de solides bases dans les fondamentaux et la polyvalence. Dans le milieu du jiu-jitsu, il existe trois types de combattants: les gars qui sont "tough" (durs, puissants), les gars qui sont techniques, et les gars qui sont à la fois "tough" et technique. l'Académie de Carlson et celle de Fabricio sont célèbres pour former des gars "tough". Corpo Quatro semble principalement axé sur la formation de gars techniques. Bien que l'Académie compte aussi quelques gars "tough". L'un d'entre eux, était Marcio Corleta (qui n'etait pas à Rio pendant mon séjour a Corpo Quarto) qui venait de gagner la medaille d'argent en "pesadissimo" (+97 kg) en ceinture marron lors du dernier Mundial. Il y a vait aussi Rodrigo Munduruca qui lui était présent lors de mon séjour. Rodrigo avait remporté les titres régionaux en ceinture violette catégorie "pesado" (91 kilos), et allait bientot recevoir sa ceinture marron, me dit Sylvio. Il était a la fois très technique et puissant. J'ai tourner avec lui quelques fois, une fois j'ai reussi à le prendre en triangle, j'étais sûr que c'était parce qu'il m'avait laisser faire. "Não" (non), me dit il, "j'ai fait une erreur et vous l'avez exploitée". Je ne l'ai pas cru pendant une minute. J'ai d'abord pensé que tout au plus il m'avait donné une chance qu'il ne donnerait pas en temps normal a un adversaire "sérieux". Mais d'un autre coté, il ya trop de moyens efficaces pour échapper à des triangles. Si je ne connaissait pas la plupart d'entre eux à l'époque, il ne fait aucun doute que Rodrigo lui les connaissait. En fin de compte l'interprétation plus raisonnable serait qu'il ne pensait pas que je puisse reussir un triangle et il m'a donc donné toutes les occasions de le faire et ensuite n'a pas reussi a s'en échapper quand je l'eu fait. Sylvio regardait, il souriait.

La plupart des gens qui pratiquent le jiu-jitsu sont intéressés ou l'étaient lorsqu'ils ont commencé par l'auto-défense. Vous devez être capable de réagir de manière appropriée sans y penser, parce que la pensée prend trop de temps, me dit Sylvio. Il estime que les techniques doivent devenir automatique avant de pouvoir être efficaces. Mais il est un lieu de pensée consciente dans le processus d'apprentissage. Sylvio a développé un exercice qu'il nomme le jiu-jitsu xadrez. "Xadrez" est le jeu d'échecs en portugais. L'exercice est de tourner comme vous le feriez normalement, mais de segmenter votre jeu en pauses et points de décision entre chaque mouvement. En d'autres mots, comme dans les échecs, vous faites un mouvement et attendez que votre partenaire analyse le changement de position qui en découle, calcule son plan et puis finalement, donne sa réponse. Vous pouvez alors donner votre réponse de la même façon et ainsi de suite. Vous voyez alors ce qui se passe au fur et a mesure et en théorie vous voyez pourquoi certains mouvement sont appropriés ou pas dans telle ou telle situation. Cet exercice vous permet aussi de voir des lacunes dans votre jeu que vous n'auriez pas pu voir autrement. Cela prend un certain temps pour s'habituer a travailler de cette facon, me dit Sylvio, mais une fois que vous y arrivez, "vous adorez".

Sylvio recommande également d'isoler les différentes parties de votre jeu. Quand ils tournent, la plupart des gens ont tendance à ne faire ce qu'ils font déjà bien et évitent de faire ce qu'ils maitrisent mal. Alors qu'en dehors d'un combat en competition, c'est le contraire qu'il faut faire. Mais les gens n'aiment pas etre finalisés ou etre montés, donc le fait qu'ils risquent de taper ou se retrouver coincés en mauvaise position en tentant un mouvemant qu'ils ne maitrisent pas encore bien rend encore plus difficile le fait d'evitez qu'ils ne fassent que ce qu'ils maitrisent déja. La solution est d'en faire un drill (exercice). Par exemple, votre tâche pourrait être de renverser votre partenaire a partir de votre garde ouverte et la sienne serait logiquement de passer votre garde sans être renversé (S' il se contentait d'éviter d'etre renversé, ce serait extrêmement difficile pour vous, de reussir le renversement, à moins que vous ne sachiez déjà le faire correctement, mais vous n'etes pas sensé savoir le faire puisque c'est la raison pour laquelle vous faites l'exercice). Dès que l'un de vous a accompli son objectif, vous recommencez tout à zéro. Personne ne perd son temps car les deux travaillent et il n'y a pas de probleme d'ego brisé.

Sylvio avait des centaines de drills, chacun etait conçu pour atteindre un but particulier. Mais, comme partout ailleurs, tourner etait considéré comme le meilleur des exercices. Le soir, il n'y avait pas beaucoup de gars avec qui tourner. Je tournais donc souvant avec Sylvio. Il me demandait ce que je voulais travailler et je lui disais toujours la garde ouverte. J'avais encore des problemes avec les renversement à partir de la gare ouverte, je ne pouvais toujours pas les exécuter en temps réel et en situations. J'avais également des difficultés à passer les gardes ouvertes."Garde ton tibia proche de la jambe du partenaire", me conseillait Sylvio . "Maintiens la pression". "Attention a tes bases" me dit Sylvio alors que je m'etais distraitement penché juste un peu trop loin en avant dans sa garde ouverte en négligeant d'avoir au moins une main libre. "J'aime quand les gars font ca", me dit il, en me faisant voler dans les airs avec un Tomoe nage.

Ce fut une lecon, le genre de celle que vous devez vivre pour comprendre. Le jiu-jitsu est comme ca
rody
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Le jiu jitsu à Rio de 1997 à 2007...un peu d'histoire... Empty Re: Le jiu jitsu à Rio de 1997 à 2007...un peu d'histoire...

Message  rody Mar 27 Avr - 12:58

7. MEDHI
22.06.08 - 19h20 par Fightway

Un irreverent, iconoclaste, révisionniste sur l'histoire des Gracie.



J' étais déja passé de nombreuses fois devant l'Académie de Judo de Mehdi au 411 de la rue R. Visconde de Piraja à Ipanema. Sylvio Behring me recommenda de rencontrer Mehdi. De nombreuses autres personnes me l'avait déja suggérer en disant. "Mehdi sait tout. Il il a toujours été là" ou quelque chose du genre.

Un jour en fin d'après-midi, je décidais d'y aller. La porte de son Académie était ouverte. Mehdi faisait la sieste sur le tatami, je frappe alors sur le mur pour lui faire savoir que je suis là, mais il savait déjà. Je lui dit que je vivais au Japon et que je voulais voir comment le judo etait pratiqué au Brésil. Cela lui plu.

Kastriot "George" Mehdi qui vivait dans la région de Cannes dans le sud de la France, était venu passez des vacances a Rio en 1949 et avait décidé d'y rester. Etudiant le judo en France, il voulait continuer la pratique de celui ci au Brésil. Si il y avait bien du judo à São Paulo du fait de la grande communauté d'immigrants Japonais qui y vit, à Rio, la chose qui se rapprochait le plus du judo était le jiu-jitsu.

L'entroit ou pratiquer était le 151 de l'avenue Rio Branco dans le district central, l'Académie de Carlos et Helio Gracie.

Mehdi s'inscrit.

A l'Académie, Carlos, Helio, Robson, Carlson, et les autres instructeurs mettaient surtout l'accent sur la lutte au sol parce que, disaient-ils, c'est plus efficace et plus réaliste. Dans un bagarre de rue ou une situation d'auto-défense, il fallait s'attendre a quatre choses. Tout d'abord, l'agresseur serait probablement plus costaud que vous. Deuxièmement, c'est lui qui allait attaquer. En troisième lieu, apres un échange de coups celui qui serait touché allait probablement s'agripper à l'autre pour éviter d'être touché un peu plus. Et quatrièmement, tôt ou tard, un ou les deux protagonistes allaient se retrouver au sol. Le système Gracie repose sur ces quatre hypothèses.
L'interprétation de Mehdi est différente. Les Gracie mettent l'accent sur le combat au sol parce qu'ils "ne savent pas comment projeter". Pourquoi salir vos vêtements, si vous n'en êtes pas obligé, dit Mehdi?

Mehdi estime qu'une bonne projection peut rendre le combat au sol inutile. Et même si la lutte se poursuit au sol, vous serez dans une bien meilleure position si vous venez de claquez votre adversaire au sol apres lui avoir fait faire un vol plané à deux metres de haut, peu importe la projection. Ukemi ou pas ukemi, ça fait mal.

Une projection correctement exécutée est aussi quelque chose de beau à voir explique Mehdi, alors que que garder quelqu'un entre ses jambes pendant toute la durée d'une bagarre ou d'un combat, est ok pour une femme en situation de survie de rue, mais est inconvenant pour un artiste martial entrainé. Romero Jacare ainsi que d'autres anciens élèves de Mehdi comme Sylvio Behring et Rickson Gracie, sont d'accord avec Mehdi sur certains points.
Toutefois me dit Sylvio, lorsque deux combattants combattent dans des règles qui les autorisent à rester dans la garde, il est inévitable que cela se produise. Ce problème est lié aux règles ou à l'arbitrage et pas aux techniques en elles memes. Mehdi etait entièrement d'accord. Ce sont les règles qui font du jiu-jitsu ce qu'il est et ce qu'il ne devrait pas être. C'est précisément ce qui ne va pas dans la discipline.

Il n'y avait pas seulement le fait que les Gracie mettent l'accent sur la lutte au sol que Mehdi n'appreciait pas, il y avait les Gracie eux-mêmes. "La bagarre et les mensonges. Je n'aime pas. Le Judo est sensé vous élever et faire de vous une personne meilleure, pas quelqu'un qui se bat dans la rue". Il cite comme exemple de mensonge l'épisode ou Helio Gracie avait annoncé qu'il entrainait un "champion" Français de judo. "C'était juste un débutant et pas un champion", dit Mehdi.

Toute personne qui regarde "Gracie in action 1 et 2" pourra avoir détecté un certain penchant de la part de Rorion pour exagérer les compétences et le statut des adversaires de sa famille et de ses "représentants". Dans la cassette, Rorion décrit les gars qui le défie ou qui ont accepté de le défier lui et ses frères aux États-Unis comme des "experts", des "maîtres", des "champions", ou tout au moins des "instructeurs". Alors qu'au Brésil, les Gracie décrivent généralement leurs challengers comme des palhaços (clowns).

Pour Mehdi le simple fait que les Gracie nomme leur art jiu-jitsu est une preuve de malhonneté. "C'est du judo" dit il.

Mehdi n'a pas pas tord en disant que les techniques de jiu-jitsu sont des techniques de judo. Mais les gars du Jiu-jitsu n'ont jamais pensés que leurs techniques venaient d'ailleurs. Au contraire, ils en sont fiers. D'ailleurs chaque récit de l'histoire des Gracie commence avec la rencontre de Carlos avec Mitsuo Maeda. Maintenant si effectivement vous pouvez voir beaucoup de techniques de jiu-jitsu sur de vieilles cassettes de Kosen Judo, vous ne verrez pas beaucoup d'entre elles pratiquées dans un dojo de judo. De plus, ce que vous ne verrez pas sur ces cassettes ou dans de vieux livres c'est la facon de les mettre en place. C'est là que les Brésiliens ont élevé le newaza à un niveau plus superieur.)

Mehdi abandonna l'étude du Gracie jiu-jitsu et se rendit au Japon immédiatement après la fin de l'occupation américaine en 1952. Il s'entraina entre autres avec Masahiko Kimura qui avait vaincu Helio l'année précédente. Il resta cinq ans au Japon en tant qu'étudiant à l'Université de Tenri à Nara. Le combat entre Kimura et Helio etait une farce (was a joke) me dit Mehdi. Kimura accepta de jouer le jeu pendant dix minutes de facon a en donner aux fans pour leur argent et ne commenca réellement à combattre qu'ensuite m'explique t il en imitant les déplacements et le jeu de jambes d' Helio pendant le match, exagerant sa maladresse. Apres treize minutes de lutte, Kimura finalisa Helio avec une clef d'épaule que les Brésiliens nomment maintenant "Kimura" en son honneur mais surtout n'appelez pas ca "Kimura" , me dit Mehdi c'est "ude-garami". Il y a aussi eu des discutions a propos de fixer le déroulement et l'issue du combat, mais l'ambassade du Japon avait prevenu Kimura que si il perdait, il ne serait pas le bienvenu de retour au Japon. Un certain degré de chorégraphie pouvait être accepté, mais pour le Japon si son plus grand champion venait à perdre contre gaijin (étranger) squelettique, ce serait trop.

[img align=c]https://2img.net/r/ihimizer/img219/6430/mehdi2.jpg[/img]

Un autre exemple qui prouve le gout des Gracie pour l'approximation en ce qui concerne l'exactitude des faits, me dit Mehdi est que Kimura pesait 80 kilos et non 100 kilos comme c'est habituellement mentionné (il me montre alors une photo de lui en compagnie de Kimura au moment du combat, ils semblent être de la même taille et du meme poids, et Mehdi fait environ 1m75 pour 80 kilos. D'un autre coté, Kimura pesait 86 kilos pour son dernier shiai à Tokyo en 1949. Il est possible qu'il ait prit quelques kilos au cours des deux années entre les combats.)

Mehdi, qui avait reçu son 8 ème dan du Kodokan en 1979, n'etait pas seulement une encyclopédie de la technique (selon Cleiber Maia, lui meme ceinture noire de judo et jiu-jitsu et champion du brésil de lutte). Il fut également un grand competitieur et domina le judo brésilien pendant des années. Mike Swain (dont l'épouse est brésilienne et originaire de Rio) se rendit au dojo de Mehdi juste après avoir remporté le titre de champion du monde 1987 en catégorie 71 kilos. Swain était donc en pleine confiance. Alors qu'il travaillait une projection, Mehdi corrigea son grip. Swain eu l'imprudence d'inviter, ou d'apres certaines versions, de défier Mehdi a lui montre cela dans une situation de randori. Mehdi projetta alors Swain qui traversa la piece pour atterir contre un mur d'en face (cette histoire m'a été racontée a la fois par Sylvio Behring et Cleiber Maia, sans que ni l'un ni l'autre ne se rappel du nom du champion américain de judo). Mehdi me raconta cette histoire sans oublier de me citer ce que Swain avait dit a ses étudiants, "voces não sabem une sorte que voces tem em serem alunos do professeur Mehdi, com todo conhecimento e technica" [vous ne savez pas comment vous êtes chanceux d'avoir un enseignant comme Mehdi, avec toutes ses connaissances et sa technique].

Mehdi était réticent au fait de parler des Gracie. Ce n'est un secret pour personne à Rio qu'il ne les aime pas. Pourquoi écrire sur les Gracie, Alors il y a tant de grands champions Japonais sur qui vous pourriez le faire m'interrogea-t-il? Parce que je suis en train d'écrire sur le jiu-jitsu Brésilien, lui dis je. "Pourquoi?" me demanda t il, visiblement perplexe sur le fait que cela puisse interesser quelqu'un. Il était aussi réticent à l'idée de parler de lui-même, pour cette même raison. En fait ce n'était pas le jiu-jitsu en tant que tel que Mehdi n'aimait pas. Il aimait par exemple beaucoup Marcello Behring. Un jour il me dit que Marcello était meilleur que Rickson au sol. Mais Sylvio me dira que ce n'est pas vrai en ajoutant "Il ne faut pas oublier que Mehdi aimait mon frère et déteste les Gracie..."

Mehdi aimait la mentalité Japonaise autant que les projections, les clefs, les étranglements et les immobilisations qu'il enseignait. Mario Sperry, un de ses anciens étudiants me dira: "J'ai appris énormement de Mehdi, et pas seulement du judo et du jiu-jitsu, mais d'autres choses, comme l'honneur et le respect".

Peut-être etait-ce la mentalité Brésilienne, qu'il n'aimait pas? Non, car meme si il trouvait que les Brésiliens étaient indisciplinés (comparé aux Japonais, qui ne l'est pas?), Mais il les aimaient bien. C'est la Gracies eux-mêmes, quil n'aimait pas, et en particulier leur mentalité : mensonges et bagarres.

Il pensait également qu'il était ridicule pour quelqu'un qui est simple ceinture noire de prétendre à enseigner quoi que ce soit à quiconque. "Au Japon, un enseignant a besoin de 20-30 ans d'expérience avant d'enseigner". Je ne lui ai pas dit qu'il existe des endroits ou des gens enseignent le jiu-jitsu avec une ceinture bleue... Pas à Rio bien sur. Si au Japon, les enseignants ont 20-30 ans d'expérience c'est parce que le Japon compte de nombreux bons judokas, tout comme Rio compte de nombreux bons jiu-jitsuka. Je suspecte egalement Mehdi de ne pas se rendre compte qu'en jiu-jitsu, une ceinture noire représente six, sept ou plus d'années d'études, alors que les ceintures noires de judo, du moins au Japon, sont régulièrement attribués en moins de deux ans, parfois moins d'un.

Malgré le fait que Mehdi n'a jamais aimé Carlos, Helio et leurs frères, il ne s'est jamais opposé à enseigner à leurs enfants ou leurs élèves. En plus de Rickson et des Frères Behring, Carlson Jr., Mario Sperry, Murilo Bustamante, Wallid Ismail et beaucoup d'autres ont passé du temps sur le tatamis de Mehdi . Selon un instructeur de jiu-jitsu (également ancien élève Mehdi), Rolls Gracie lui-même appris le judo chez Mehdi.

Pour Mehdi il etait acquis que je voulais m'entrainer. "Où est votre gi ?", me demanda t il. J'étais prudent, si en judo, le "ju" veux dire "souple", il n'y a rien de souple a se faire projeter sur la tête ou en arrière a deux metres du sol. Cependant, je voulais apprendre et mieux connaître Mehdi, et il semblait avoir hâte de me voir participer à un cours, donc je le fis.

Tout le monde m'avait dit que les cours de Mehdi étaient intenses. L'échauffement était suffisant pour vous éliminer à vous si vous n'étiez pas en top forme. Ayant assisté a un cours je peux le confirmer. Le cours était celui de 18h à 20h30. La première partie de 30 minutes est consacrée a l'échauffement, la deuxième partie à une nouvelle technique (ou la revision d'une connue). La troisième partie pour les uchikomi traditionnels (mise en place d'une projection sans réellement l'effectuer ) et la quatrième pour le Randori (sparring libre, l'équivalent de "tourner" en jiu-jitsu). C'est ce qui se pratique dans tous les dojo de judo partout dans le monde. Cela dure plus ou moins une heure, mais ceux qui veulent, peuvent rester plus longtemps et continuer leur pratique sous la forme qu'ils préfèrent. Certains arrivent plus tard, et ainsi peuvent commencer par ce qu'ils veulent. En d'autres termes, ils peuvent sauter l'échauffement si il veulent. Certaines personnes arrivent en retard, d'autres partent plus tôt. Les enfants eux sont tous là dès début. Mehdi était assis sur un banc à discuter avec moi, en criant des directives, puis de temps en temps se levait pour corriger un élève sur une technique. L'échauffement fut dirigé par un adulte avec une ceinture noire et une queue de cheval. Quand les Uchikomi débutèrent il mit une genouillère ligamentaire à son genou. " Blessure de Judo?" J'ai demandé à Mehdi. "Oui", me dit-il, "et a son épaule aussi".

J'arrivais un peu tard le lendemain, dans l'espoir de manquer au moins une partie de l'échauffement (j'avais prévu de visiter l'académie Alexandre Paiva plus tard dans la soirée ou j'allais être invité à tourner, comme ça ne manquait jamais de se produire partout). Tout ce que je réussi à éviter c'est 30 tours autour du dojo, mais cela m'aida. Mehdi me présenta à ses élèves et dit qu'il allait donner un cours spécial en mon honneur, il me demanda ce que je voulais apprendre. Je lui dit, du newaza, et surtout la technique, que je les avait vu mettre en pratique le jour précédent, un étranglement en contre sur une tentative de seio-nage. Mehdi me montra également un autre étranglement très douloureux (qu' Alvaro Barreto m'a également montré quelques jours plus tard!) et une superbe variation sur Kimura qui fonctionne même si l'adversaire s'accroche à sa propre ceinture.

Que pensez-vous? me demanda-t-il après le cours. "Impressionnant, intéressant" dis-je. "J'aime le newaza", en ajoutant, "Le Nage-waza est dangereux" en pensant à son assistant ceinture noire avec la genouillère. "Oui", me dit Mehdi, je suis d'accord, "le judo est dangereux. Mais j'aime ca."

Je lui fit part de mon intention de combattre au tournoi "Internacional de Masters e Seniors" plus tard dans le mois, et lui demandai quelques conseils sur la façon de prendre un bon départ. Il me proposa quelques variations d'Hiza guruma et les travailla avec moi. Cleiber Maia avait raison, ainsi que Sylvio Behring, Café, Mario Sperry, et Mike Swain. Mehdi savait beaucoup de choses.

Personne très intéressante ce Mehdi
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Message  rody Mar 27 Avr - 12:59

8. ZOCA
22.06.08 - 19h21 par Fightway

La vie et le jiu jitsu dans les deux Bresil.



Je fus dans un premier temps méfiant quand le type au teint clair qui tournait autour de ma table du Beachside Café sur l'Avenue Atlantica me dit "good morning" en anglais. J'avais déjà un kimono Krugans et un Machado et je n'avais besoin de ne rien acheter d'autre, particulièrement rien qui pouvait être trouvé dans un magasin approvisionnant les "gringos" (touristes). Mais vu qu'il était là, je décidais de voir ce qu'il avait à m'offrir. Contrairement aux Thais et aux Coréens, les Brésiliens ont tendance à être assez cools et compréhensifs si ils se rendent compte si que ce qu'ils ont à vous vendre ne vous intéresse pas. Ils se rendent également très bien compte des problèmes que connaît le Brésil et ne voient pas la raison de nier l'évidence face aux visiteurs étrangers.

Je demandai donc à Alexandre car c'était son nom, s'il avait entendu parler de la famille Gracie. "Mais bien sur, man" ; me dit-il. Au Brésil on a pas beaucoup de "winners" ; donc à partir du moment ou quelqu'un gagne au Japon, tout le monde le connaît ici. En fait me dit-il : "Le type avec qui je travaille au magasin pratique le jiu-jitsu, il est ceinture noire et connaît Rickson Gracie personnellement". Si cela me paru douteux au premier abord, Je me dis qu' a Rio, c'était bien possible.


Zoca

C'était Zoca. Il était allé à l'Anglo-American High School à Botafogo avec Rickson.

Zoca connaît Rickson. Pourquoi pas ? Rio est une petite ville et dans le mileu du jiu-jitsu tout le monde connaît tout le monde, même si parfois on ignore le nom réel des gens. Par exemple le nom réel de Zoca est Mario, mais Rickson ne le sait pas.

Comme Rickson, Zoca avait appri le judo chez George Mehdi à Ipanema aux début des années 80. Ils voulaient tous apprendre le judo afin de pouvoir participer au compétitions de judo, me dit Zoca. Les mecs du jiu-jitsu voulaient quelque chose de plus stimulant que répéter des techniques de défenses contre des attaques qui ne se produiraient probablement jamais. Bien que tourner ai toujours été un élément de l'entraînement du jiu-jitsu, tout ceux avec qui j'ai discuté s'en rappellent (bien que je ne l'ai pas spécifiquement demandé à Alvaro Barreto, qui est dans le milieu depuis 40 ans, ou à Mehdi qui s'était entraîner à l'académie d' Helio et de Carlos sur Rio Branco de 1949 à 1952) il est clair qu'a cette l'époque le jiu-jitsu était loin d'être le sport organisé tel que nous le connaissons aujourd'hui.
Zoca était du même avis que les autres à propos de Mehdi: C'était quelqu'un de très fort, craint par tous, et comme cela me l'avait déjà été répété plusieurs fois c'était une véritable encyclopédie humaine de techniques de soumission (Mehdi m'avait dit qu'il avait appris ses techniques au Japon pendant les années 50). Est il possible que plusieurs, probablement même la plupart des techniques de jiu-jitsu employées par les Gracie et leurs étudiants aient été introduites par les types qui les ont apprises de Mehdi ? Demandais-je à Zoca. "Très possible" ; me dit il.

Zoca est d'accord avec beaucoup d'autres qui n'enseignent pas le jiu-jitsu professionnellement que le boom a été une bénédiction mitigée. Des mecs apprennent quelques techniques, pensent tout à coup qu'ils sont les rois de la plage, commencent à enseigner aux enfants dans les banlieues, se bagarrent dans la rue. Ce n'est pas bon "Bien sûr, tout le monde veut se tester, voir si il est capable de placer les techniques qu'il connait, mais il faut le faire dans le dojo avec un adversaire qui est prêt et disposé à faire de même. Attaquer un mec naïf dans la rue ne prouve rien".

Il ne visait personne en particulier, mais le nom de certains combattants de Carlson sortait de temps à autres. "Bien sûr, Fernando Pinduka était un "heroi" sur le "ringue", mais il avait un caractères spécial". Pourquoi ? Il avait tendance à aimer rosser les gens. Le succès des combattants du jiu-jitsu dans le Vale Tudo a rendu le jiu-jitsu populaire, mais ce n'est pas très bon que les jeunes essayent d'imiter ces gars là. Le Brésil a déjà assez de problèmes comme ca... dit-il.


Zoca avait obtenu un MBA (Master of Business Administration) à New York et y avait travaillé pour Merrill-Lynch avant de retourner à Rio. Il parlait couramment l'anglais et avait beaucoup à dire sur l'économie du Brésil et les ses problèmes sociaux.


Les pauvres

Le principal problème est qu'il y a trop de pauvres. Ces gens sont pauvres du fait de l'époque et l'endroit où ils sont nés, et ça n'aide pas les choses que les politiciens et autres gens riches et corrompus essayent de leur soutirer le peu qu'ils possèdent. Quand de l'argent est alloué pour quelque chose comme un projet d'irrigation dans nord-est, les pauvres n'en bénéficient pas, car les riches propriétaires fonciers siphonnent les fonds, au sens figuré, et parfois l'eau aussi, littéralement. Qu'est-ce qui pourrait les arrêter? A partir du moment ou vous avez de l'argent au Brésil, vous pouvez tout vous permettre, y compris le meurtre. Le tribunal via votre avocat mettra le dossier "en attente" dans un tiroir jusqu'à ce que toute personne qui s'en soucie abandonne, oublie ou disparaisse... Ou alors vous pouvez payer la police, en premier lieu. En fait, vous pouvez même les engager pour faire le coup pour vous. "Cela vous parait cynique" me dit il, "Mais c'est vrai".

Parfois, la police anticipe plutôt que de réagir aux tendances criminelles en tuant tout simplement des gens, des enfants des rues en général, qui pensent ils peut-être un jour seront un problème. Bien sûr, ils ont raison. Ces enfants seront probablement un problème. Sinon, comment vivront-ils? [Tobias Hecht fait valoir que la police ne tue plus les enfants des rues. Les enfants des rues se font toujours tuer en nombre extraordinairement élevé, mais ils sont habituellement tués par d'autres enfants des rues, parfois avec un peu l'aide indirecte de la police]. La police fait également régulièrement des descentes dans les favelas à la recherche des barons de la drogue. Invariablement, le lendemain les journaux publient des photos de cadavres jonchant le sol et recouverts d'une couverture. Les trafiquants de drogue sont généralement assez chanceux, assez intelligents, ou assez bien informés pour ne pas être parmi eux. La police voit les choses différemment. Ceux qui ont été tués avaient sans doute déjà commis un crime dans le passé, et si ils n'en avaient pas encore commis, ils en commettraient certainement un dans l'avenir...

En fait selon les personnes qui y sont allées, la plupart des favelas sont en fait des endroits assez sûr, sauf lorsque la police débarque...


Les gens pauvres n'ont pas grand chose, mais ils ne semblent pas malheureux, dis-je. En moyenne l'habitant des favelas de Rio de Janeiro de la Zone Sud a une qualité de vie meilleure que la moyenne des gens de la classe moyenne à Tokyo, à bien des égards, il me semble. Je vois plus de gens à l'aspect misérable en un jour au Japon que j'en ai vu en 32 semaines au Brésil. "Peut-être dans la zone Sud", me dit Zoca, mais pas dans la plupart du reste du Brésil, Les pauvres gens vivent entassés dans des baraques fragiles et s'entassent dans les favelas, car cela ne coûte pas cher de vivre dans une favela. Ils ne peuvent pas se permettre mieux parce qu'ils n'ont pas d'argent, vu qu'ils ne peuvent obtenir de bons emplois bien rémunérés parce qu'ils n'ont pas assez d'éducation et ils ne peuvent pas obtenir assez d'éducation parce que leurs écoles sont "de la merde." Zoca et Alexandre, qui s'était joint à la discussion, estiment que les enseignants des écoles publiques gagnent entre 300-500 reais par mois, tandis que les enseignants des écoles privées, comme ceux qui ont enseignés à Zoca et Rickson à l'école anglo-américaine, s'assurent entre 1800-2000 reais. "Vous pensez qu'un bon professeur va enseigner dans une école de favela si il peut enseigner dans une école privée?" Demande rhétoriquement Zoca. Il dessine un schema et le commente, «Le Brésil est deux pays. L'un est petit riche et blanc et l'autre est grand pauvre et noir." Zoca n'était pas la première personne à faire cette observation, et il ne sera certainement pas la dernière. La majorité pauvre du Brésil ne sera plus pauvre, selon certains analystes, lorsque les gens riches du Brésil renonceront volontairement à leur monopole sur les richesses de la nation. Ce ne serait pas facile à faire, même s'ils voulaient le faire. Selon d'autres, si cet événement improbable avait lieu un jour, il aurait tout simplement pour conséquence de rendre tous les Brésiliens pauvres, et les pauvres, paradoxalement, encore plus pauvres qu'ils ne le sont aujourd'hui, et probablement plus malheureux.


Sombre vision

Comme la plupart des autres Brésiliens, Zoca semblait presque prendre plaisir à peindre un tableau sombre du paysage socio-économique Brésilien. Il semblait assez crédible, mais une personne riche peut elle vraiment savoir ce qu'est la vie d'une personne pauvre? Peut-être, si elle même autrefois a été pauvre aussi, comme dit Zoca, devenir riche est un fantasme plus qu'une possibilité. De jeunes hommes pensent qu'ils peuvent y arriver en devenant un héro du "futebol", sans se rendre compte que les quelques personnes qui jouent au ballon assez bien pour mériter une place dans une équipe gagnent en tant que joueur moyen de futebol moins de 1.000 reais par mois. Ce n'est pas mal, mais ce n'est pas beaucoup non plus, et la carrière des joueurs de football est brève. Les meilleurs emplois disponibles pour la plupart des jeunes hommes de race noire sont: le vole de voiture, la vente de drogue et l'enlèvement et la séquestration de gens riches. "Il faut réelle capacité d'organisation pour réussir avec succès un "sequestrão", déclare Zoca. Le pire c'est que certains de ces gars-là pourraient réussir de bonnes choses dans le monde du business "légal" si ont leur donnait leur chance.

On dit souvant que le Brésil est une démocratie raciale. Et comme beaucoup d'autres choses qui sont souvent dites au Brésil, personne ne le prend très au sérieux. La seule chose qu'on peut dire au sujet de problèmes raciaux au Brésil est qu'ils sont différents de ceux de l'Amérique, surtout parce que le Brésil et son histoire sont différentes de l'Amérique et de son histoire. Les Brésiliens ont tendance à considérer la race (Raça) comme une question de couleur, et les variations subtiles dans les tons de couleur, plutôt que l'appartenance ethnique ou à l'héritage génétique. (Ils prêtent également attention à la frisure des cheveux et l'épaisseur des lèvres). En théorie, cela fait une différence. Dans la pratique, la différence est faible. En Amérique, les "noirs" en tant que groupe ont moins que les "blancs". Au Brésil, les gens les plus sombre en tant que groupe ont moins que les plus clairs.


Une famille sans toit

Une famille de Brésiliens sans-abri, récemment arrivé de Bahia, avait décidé de camper sous ma fenêtre au deuxième étage au n° 23 Rua Raul Pompeia. Ils étaient là tous les soirs pendant deux semaines. Je leur donnais quelques reais quand je rentrais le soir, des chemises de rechange lors nuits fraîches et du pain, des fruits ou de l'eau quand je pouvais. J'avais amené quatre coûteux harmonicas diatoniques du Japon pour offrir en cadeau. Le Bluesman American Junior Wells à évité la vie statistiquement typique d'un jeune homme dans les centres urbains de l'Amérique en ayant reçu un harmonica en cadeau d'un juge bienveillant (Junior avait été attrapé en train de voler car il n'avait pas assez d'argent pour en acheter un.) J'imaginais déjà mon voisins sans-abri du dessous former un groupe et gagner un revenu honnête en jouant des mélodies de samba sur une plage ou au coin d'une rue. Ils étaient fascinés par le son de l'harmonica quand j'ai joué quelques riffs de Little Walter comme "Juke" et "Off the Wall". Je leur ai donné les quatre harmonicas. Ils se les disputèrent entre eux et passèrent ensuite une dizaine de minutes à souffler dedans puis subitement perdirent tout intérêt pour l'instrument (comme la plupart des peuples du monde entier qui tentent d'apprendre à jouer d'un instrument de musique).

Finalement, ils ont commencé à se sentir trop à l'aise, en restant éveillés très tard et se chamaillant sur une chose ou une autre. D'autres sans-abri venaient leur rendre visite, certains avec des bouteilles de cachaça, et de temps en temps un ou deux des plus aisés enfants du voisinage local aussi, eux semblaient par contre préférer les chiffons imbibés de diluant à peinture. Une nuit, quelqu'un versa un seau d'eau sur eux de l'un des appartements au-dessus du mien. Le lendemain, ils déménagèrent quelques pâtés de maisons plus loin, vers Ipanema, en face du supermarché Zona Sul.

Les résidents ne veulent pas être trop incommodés, mais ils ne sont pas insensible et offrent parfois des boîtes pleines de vêtements ou de nourriture aux sans-abri. (Généralement il prennent leur voiture et vont distribuer dans d'autres quartiers que le leur, sans doute pour éviter de fournir une incitation pour les sans-abri en place de rester, et à de nouveaux sans-abri de venir s'installer dans leurs quartiers.) Peut-être veulent ils juste se débarasser de choses dont ils ont plus besoin, mais quand même, ça aide. Les Brésiliens sont réalistes. Ils ne croient pas que n'importe qui peut réussir ce qu'il veut dans la vie, uniquement grace a sa volonté et la force de son esprit. Certaines choses ne sont pas sous contrôle humain. Les pauvres sont pauvres à cause de qui étaient leurs parents, ce qui a été déterminé par Dieu, non pas par quoi que ce soit qu'ils aient eux-mêmes fait, pas fait, aurait pu faire, ou pourraient faire. Les choses sont comme ca. Les pauvres ne sont pas pauvres parce qu'ils ont des défauts de caractère (tels que la paresse ou l'incapacité à obtenir un diplome) ou parce qu'ils ont fait quelque chose de mal dans une vie antérieure. Ils ne méritent pas d'être pauvre. Ils le sont tout simplement.



La réponse

Zoca pensait avoir la réponse: "Plus d'éducation." Bien sûr, cela exige de meilleures installations et des enseignants, ce qui coûte de l'argent. Et d'où viendra l'argent? Les pauvres n'en ont pas, évidemment. La réponse est évidente. Étant donné que les pauvres ne peuvent pas payer, les gens riches n'ont qu'a le faire. Puisque le problème et la solution sont si évidents, pourquoi la solution n'a-t-elle pas été mise en œuvre, et le problème ainsi résolu? Parce que, m'explique Zoca, bien que les Brésiliens riches paient de lourds impôts, mais l'argent va à d'autres Brésiliens riches, ou même revient dans leurs propres poches sous forme de subventions et de loyers. Très peu de cet argent aide les 87 à 90% des 164 millions de Brésiliens qui ont besoin de l'aide. Je me doutais que la fraude fiscale et la corruption politique ne font pas beaucoup pour aider les pauvres du Brésil. Mais je me demandais si dépenser beaucoup d'argent pour l'éducation permettrait de faire mieux que de produire un grand nombre de bien-instruits chômeurs, qui peut-être eux ne se satisferaient pas de la plage, du carnaval, de la samba, du beau temps et des belles vues de la ville.

Zoca s'entraîne encore, mais ne fais plus de compétition. "La compétition c'est bien, mais ce n'est pas tout. Tout le monde ne ressent pas le besoin de participer." Un moment, il m'invita à m'entraîner. A ce moment nous n'étions pas n'importe où, mais justement à coté d'une académie, cela traduisit bien une certaine façon de penser. Les gars du jiu-jitsu supposent que si vous êtes intéressé par le jiu-jitsu, vous souhaitez forcement tourner. Pour eux, le jiu-jitsu sans tourner n'est pas le jiu-jitsu. Et c'est précisément pour cette raison, comme quelqu'un l'a déjà dit, le jiu-jitsu règne encore
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Message  awokito Sam 1 Mai - 16:50

Merci Rody pour ces texte ça déchire, j'ai tout lu et c'est très intéressant !!!
awokito
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Message  nickson Lun 10 Mai - 23:02

C'est clair.

MERCI RODY!!

super instructif, on en apprend pas mal sur l'histoire du jiu jits' et de ses pionniers,
et sur le Brésil et les Brésiliens. C'est pas qu'une carte postale le Brésil !
et le passage sur Reyson,..., je le reconnais trop !
Je le vois trop dire son "Pode Ser" quand la question le gonfle à moitié...trop marrant !

bref,

MERCI RODY

MERCI LES GRACIE

MERCI LE JIU JITSU
nickson
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